Afrique du Sud: 78 corps remontés de la mine abandonnée, l'opération de secours proche de sa fin

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Le bilan s'est un peu plus assombri à Stilfontein, mercredi 15 janvier. Depuis le début de l'opération de sauvetage lundi, 78 corps sans vie ont été remontés d'une mine d’or abandonnée. Plusieurs cadavres avaient déjà été sortis par des volontaires ces dernières semaines. Les autorités ont annoncé mercredi soir être parvenues à la fin de cette opération de sauvetage et avoir fait remonter toutes les personnes possibles.

Au total, plus de 240 survivants ont pu être évacués de ce puits profond de plusieurs kilomètres à Stilfontein, en Afrique du Sud. Des convois ont continué à transporter, toute la journée du 15 janvier, ces mineurs vers les postes de police environnants, ou vers les hôpitaux, pour ceux trop affaiblis par le manque de nourriture. Selon la police, les services de secours doivent encore descendre leur cage au fond de la mine, pour vérifier que tout est bien vide.

Un grand camion a aussi fait la navette, dans la journée, avec les morgues. Deux d'entre elles, à Klerksdorp et à Potchefstroom, sont pleines. Selon une source qui travaille sur ces sites, ces corps ne se sont pas bien conservés et se retrouvent en état de décomposition après être restés si longtemps sous terre. Le processus d'identification par les familles n'a pas encore commencé, car les dépouilles doivent d'abord être répertoriées et préparées.

Ces orpailleurs illégaux, qu'on surnomme ici les « zama zama », soit « ceux qui tentent leur chance » en zoulou, viennent principalement de pays de la sous-région, du Mozambique, du Lesotho, ou encore du Zimbabwe, souvent attirés par de fausses promesses d'emploi. Ils se retrouvent ensuite à tenter d'extraire un peu de minerai de ces gisements qui ne sont plus rentables pour les anciens exploitants, chapeautés par des gangs qui supervisent l'activité.

La méthode de la police sous le feu des critiques

Une partie de l’opinion publique accuse le gouvernement de ce drame. Car les pouvoirs publics avaient bouclé l'accès à la mine et restreint l'approvisionnement en nourriture depuis des mois, attendant que ces orpailleurs illégaux ressortent pour les arrêter. Certains accusent même les autorités d'avoir voulu les « enfumer ». 

Mais la police clame n’avoir fait que son travail de lutte contre la criminalité, et pointe du doigt les chefs des réseaux qui attirent les migrants pauvres des pays voisins et les exploitent dans ces mines. Elle accuse même ces gangs d’avoir confisqué de la nourriture qui était destinée aux mineurs, et de les avoir obligés à rester retranchés. 

Les communautés locales, les familles et des organisations de la société civile souhaitent, pour leur part, que les pouvoir publics reconnaissent leur responsabilité, leur reprochant de n’avoir pas écouté les appels à l’aide, laissant ces mineurs mourir de faim et de déshydratation. Pour la SAFTU, l’une des grandes confédérations syndicales du pays, il est clair que « le gouvernement sud-africain a permis à la situation de se détériorer jusqu’à ce résultat. »

L’Alliance démocratique, la deuxième force politique du pays, réclame désormais qu’une commission d’enquête soit mise sur pied, afin d’établir si des torts ont été commis lors de cette opération de police, et également pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise. 

Rfi

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