
Nicolas Sarkozy était à nouveau à la barre, ce lundi 10 février, au procès du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007. C’était la première fois que l’ex-président comparaissait avec son bracelet électronique, posé vendredi dernier suite à sa condamnation définitive dans l’affaire des écoutes. Alors qu’il a continué à assurer avec force que « pas un centime libyen » n’a abondé sa campagne, Nicolas Sarkozy a - parfois - semblé plus en difficulté, notamment quand le tribunal s’est intéressé aux écrits d’un haut responsable libyen.
Le bracelet électronique qu’on devine sous son pantalon - cheville droite - n’entame en rien la pugnacité de Nicolas Sarkozy ; au contraire, il multiplie les offensives à mesure que le tribunal liste les déclarations de dignitaires libyens évoquant un financement occulte : l’une est « accablante de bêtise », l’autre « un tissu d’inexactitudes » ; « qu’est-ce que c’est que ces gens, quelle est leur crédibilité ? À un moment, les innocents ont le droit de s’indigner ! » s’enflamme l'ancien chef de l'État.
Trois versements destinés « à Nicolas Sarkozy »
L'ex-président est nettement moins à l’aise quand sont évoqués les carnets de Choukri Ghanem, ex-Premier ministre et ministre du Pétrole libyen, avant sa défection en mai 2011. Récupérés par la justice française en 2016, ces écrits à la première personne mentionnent, au 29 avril 2007, trois versements destinés « à Nicolas Sarkozy » pour un total de 6,5 millions d’euros, via trois canaux : « Bechir Saleh », l’argentier du régime ; « Saïf Al Islam », fils de Mouammar Kadhafi et « Abdallah Senoussi », beau-frère et patron des renseignements du Guide.
« Sujets à caution »
Ces carnets sont « sujets à caution » balaie Nicolas Sarkozy. « On a pourtant des transferts bancaires qui correspondent aux mentions écrites », rétorque le procureur. « Béchir Saleh a démenti ; et je n’ai jamais rencontré Saïf Al Islam, je ne vois comment quelqu’un que je n’ai jamais vu aurait pu me donner quelque financement que ce soit ! » s’indigne le prévenu. Choukri Ghanem ne pourra éclairer le tribunal sur ces écrits. Moins d’un an après sa fuite en Autriche, il a été retrouvé mort dans le Danube.
Rfi