
La politique au Sénégal se caractérise par des dynamiques complexes qui mêlent manipulation des ressources publiques et pressions populaires, dessinant un tableau préoccupant. Dans ce contexte, de nombreux citoyens ressentent que l'engagement politique se transforme en un véritable piège. Les leaders politiques, issus de divers horizons, font face à des attentes souvent démesurées, portées par une population qui ne réalise pas toujours les implications de ses demandes.
La nature des sollicitations:
Au Sénégal, les fonds publics sont destinés à servir le bien collectif et devraient être utilisés conformément à des règles strictes de mobilisation. Pourtant, sur le terrain, la réalité est plus nuancée. Les hommes et femmes politiques sont bien souvent assaillis par des groupes de citoyens qui perçoivent leurs représentants comme des intermédiaires capables de satisfaire des besoins immédiats et des désirs parfois inconsidérés. Ce phénomène est exacerbé par une culture de dépendance, où la population s’attend à ce que ses élus répondent à une multitude de sollicitations, souvent éloignées des enjeux essentiels du développement durable.
Les pressions sociales:
Il est impératif de reconnaître que ces attentes, bien que compréhensibles, ne doivent pas être considérées comme des demandes déraisonnables. Cependant, s’engager à répondre à toutes ces revendications, souvent impulsives, peut entraîner des dérives. En wolof, nous noterons : Politikseŋ bu ci moytuwul ñu def la koo nekkul, teg la loo àttanul, def la laykat.
Les leaders politiques, submergés par ce flot incessant de demandes, se retrouvent dans une situation délicate. Céder aux chantages populaires peut les conduire à prendre des décisions hâtives qui, à long terme, s’avéreraient contraires à l'intérêt général. Il est essentiel de préserver l'intégrité des politiques publiques et de veiller à une utilisation efficiente des ressources.
De la nécessité d'un cadrage:
Pour relever ces défis, il est nécessaire de redéfinir les interactions entre élus et électeurs. Les leaders doivent adopter une posture affirmée, en expliquant les contraintes et la réalité des finances publiques. Une communication transparente sur l’utilisation des fonds et les priorités de développement pourra établir un cadre de compréhension mutuelle. Parallèlement, il est essentiel de sensibiliser la population sur le fonctionnement des politiques publiques et sur la nécessité de privilégier les intérêts collectifs.
Les leaders ou cadres au sommet ne doivent pas subir les influences ou appartenances politiques déclenchant cette pression sur eux.
Le changement subit de train de vie et l'acquisition rapide de biens, immobiliers notamment, peut légitimement faire penser aux citoyens que ces politiciens peuvent satisfaire toutes leurs sollicitations.
D'où la nécessité de sensibiliser les militants ou camarades de parti qui réclament souvent leur part du « gâteau » comme récompense ou reconnaissance de leur engagement ou sacrifice.
En somme, la politique au Sénégal ne devrait pas être perçue comme un terrain propice aux abus ou aux chantages. Elle doit, au contraire, être une plateforme de dialogue constructif, où élus et citoyens œuvrent ensemble pour le bien commun, dans le respect des règles et de l'intégrité des ressources publiques. Résister aux pressions sociales est un gage d’une gouvernance saine et durable, ancrée dans la responsabilité et le respect des biens communs. Pour bâtir un Sénégal plus équitable et prospère, il est important de redéfinir notre approche politique, en plaçant la réflexion au-dessus de l'action immédiate et en élevant le débat public sur des enjeux fondamentaux. Restaurer l'école du parti pour mieux comprendre et assimiler les principes directeurs pour un engagement politique positif et patriotique.
Matar SÈNE, Délégué général à la protection sociale et à la solidarité nationale et coordonnateur communal de PASTEF Diourbel