Michel Platini retrouve la justice suisse à partir de lundi à Berne, pour une ultime audition dans le paiement suspect de 2 millions de francs suisses par la Fifa en 2011, qui a brisé son parcours de dirigeant dans le football.
Le triple Ballon d'Or doit répondre jusqu'à mardi au procureur Thomas Hildebrand, pour cette affaire qui vise aussi l'ancien président de la Fifa Sepp Blatter. Cette audition sera la dernière pour le Français "avant la clôture de l'instruction", d'après le parquet. Platini sera ensuite soit mis hors de cause, soit renvoyé devant un tribunal pour y être jugé. Le numéro 10 légendaire des Bleus est soupçonné d'"escroquerie", "gestion déloyale", "abus de confiance" et "faux dans les titres", des accusations élargies en novembre et passibles de cinq ans de prison, qu'il a toujours niées. Sepp Blatter devait également être entendu pour cette affaire mais il est convalescent après avoir été hospitalisé en décembre et janvier, selon son entourage.
Emoluments de conseiller
Au cœur du dossier, le paiement par la Fifa des 2 millions de francs suisses à Michel Platini début 2011, sans justification écrite, sur ordre de Sepp Blatter. Anciens alliés devenus rivaux, Blatter et Platini ont toujours affirmé qu'il s'agissait d'un reliquat de paiement pour un travail de conseiller effectué par le Français entre 1999 et 2002. Selon les deux hommes, l'accord entre eux remonte au printemps 1998. Sepp Blatter, entré à la Fifa en 1975 comme directeur du développement mais dépourvu de légitimité sportive, cherchait l'appui de l'ex-champion pour prendre la tête de l'instance. Mais la Fifa déplore l'absence de contrat écrit mentionnant à l'époque une telle rémunération, et en réclame à Michel Platini le remboursement. Une "convention" écrite, signée en 1999, existe pourtant. Mais elle prévoit un salaire de 300.000 francs suisses par an pour Michel Platini, loin des sommes mentionnées.
Au moment où l'affaire est sortie, Blatter visait une réélection à la tête de la fédération internationale que Platini lui contestait. Les divergences affichées en public alors qu'ils étaient en campagne semblent depuis avoir fait place à une harmonie dans la défense. La Fifa avait des "problèmes de liquidité", qui font qu'ils avaient décidé oralement que le complément du salaire de Platini serait versé par la suite, négligeant de le préciser par écrit, relatait le Tribunal arbitral du sport dans une décision en 2016.
'Complot'
Mais tous deux ont été mis au ban du football mondial depuis cette affaire, que Michel Platini qualifie de "complot" destiné à l'évincer de la présidence de la Fifa qui semblait s'offrir à lui, au profit de Gianni Infantino, l'actuel patron du foot mondial. Il a donc contre-attaqué fin 2018 par une plainte pour "dénonciation calomnieuse" et "association de malfaiteurs". Le Français est ainsi convoqué mercredi à Sarnen, dans le centre de la Suisse, cette fois comme "personne appelée à donner des renseignements" dans l'enquête visant depuis juillet 2020 le patron de la Fifa, selon une information du Monde confirmée par le parquet.
Ce volet porte sur trois rencontres secrètes en 2016 et 2017 entre M. Infantino et l'ancien procureur général Michael Lauber, qui ont nourri les soupçons de collusion entre le parquet suisse et la Fifa. Blanchi par la justice interne de l'instance, l'Italo-Suisse juge "absurde" d'être mis en cause pour avoir rencontré un magistrat. Mais le dirigeant est désormais sous la menace d'une deuxième affaire, pour être rentré en jet privé du Suriname à la Suisse, en 2017, aux frais de la Fifa.
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beinsports
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