DIOURBEL EN MAJUSCULES : QUAND LA CRAIE DEVIENT PLUS PUISSANTE QUE LES ARMES

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Le dimanche 28 décembre 2025, au manège de Diourbel, le Festival des Enfants du Baol (FEB) a vécu l’un de ses moments les plus forts et les plus solennels. Parrain de la 6ᵉ édition, le Dr Papa Fary Seye a livré un discours magistral, vibrant et profondément engagé, inscrivant le FEB bien au-delà d’un simple événement festif : comme un acte de mémoire, d’éducation et de résistance culturelle.

Devant un public attentif, Dr Papa Fary Seye a d’abord salué l’engagement sans relâche de Monsieur Mamour Diaw et de toute l’équipe de « Diaw Bâches », artisans infatigables d’un festival qui, année après année, offre aux enfants et aux adultes de Diourbel des espaces de détente, mais surtout des cadres d’éducation et de formation. Car, a-t-il martelé, le FEB n’est pas un simple loisir : il est une école à ciel ouvert. Une vision parfaitement résumée par cette citation de Nelson Mandela : « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde. »

Fidèle à cette philosophie, le FEB a intégré dès sa deuxième édition des compétitions de Génies en herbe, des débattons interscolaires, et cette année, des joutes intellectuelles entre amicales d’étudiants ressortissants de Diourbel. À cela s’ajoute une programmation riche et inclusive : récitals du Coran, nuit du patrimoine religieux matériel et immatériel, conférences, tables rondes, actions de sensibilisation, concerts et théâtre. Le FEB s’affirme ainsi comme un creuset éducatif, culturel et rassembleur.

Si le festival a su résister au temps et aux épreuves, c’est aussi grâce au soutien constant des autorités administratives et territoriales. Du premier site de l’esplanade de la poste au manège, en passant par l’esplanade de la mairie, le maire Malick Fall a toujours accompagné le FEB. Un hommage appuyé a également été rendu au ministre Dame Diop, soutien indéfectible, élevé par le comité au rang de parrain ad vitam æternam pour sa fidélité sans faille.

Mais le temps fort de cette édition restera l’hommage rendu à Pa Boubala Ndiaye, figure historique majeure, combattant infatigable de la libération de l’Afrique, symbole de dignité, de courage et de conscience. À l’image de Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop, Ousmane Camara, Fatoumata Ka, Dr Oumar Wone ou encore Père Mamadou Seye, Pa Boubala Ndiaye a légué un héritage moral et intellectuel que le FEB entend transmettre aux jeunes générations.

À travers cet hommage, le festival répond à une urgence : la perte de repères chez une partie de la jeunesse. Il s’agit de la réconcilier avec ses racines, son histoire, ses ancêtres. Pa Boubala Ndiaye, a insisté le parrain, ne disparaîtra jamais de la mémoire collective, surtout si son nom continue de vivre dans nos rues, nos écoles et nos édifices publics.

Visiblement ému, Dr Papa Fary Seye a exprimé sa gratitude pour l’honneur symbolique qui lui a été fait en l’associant à la mémoire de ce grand homme. Une symbolique forte : celle d’un combattant des armes pour la liberté et d’un combattant de la craie et de l’éponge pour l’émancipation. Car le savoir libère, humanise, élève et rend souverain. Il protège contre les dérives, la corruption, l’égoïsme et l’obsession du pouvoir.

S’inscrivant dans la lignée de Cheikh Anta Diop – « Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents » – et de Cheikh Ahmadou Bamba, qui plaçait le savoir et la droiture au cœur de la vie, le parrain a rappelé que sans éducation, le triptyque jub, jubal, jubanti ne peut devenir une réalité sociale.

Enseignant depuis 23 ans, Dr Papa Fary Seye a réaffirmé la mission sacrée de l’école : former des citoyens responsables, porteurs de valeurs républicaines et traditionnelles – jom, jomb, fulla, fayda, ngor, kersa, yërmande, bokk, seddo, bref le baax. Pour lui, une société qui ne respecte plus ses enseignants se condamne elle-même. On n’enseigne pas pour s’enrichir, mais pour enrichir les autres.

Dans un appel fort et sincère, il a exhorté les fils et filles de Diourbel à l’unité autour de l’essentiel. Diourbel, a-t-il martelé, n’est ni un gâteau à partager, ni un héritage privé, ni un simple tremplin politique. C’est un bien commun, une terre d’histoire, de refuge et de savoir. Une ville aimée pour avoir accueilli Cheikh Ahmadou Bamba après 17 ans d’épreuves, pour avoir vu passer de grands érudits, pour avoir été le lieu des premiers pas scolaires de Cheikh Anta Diop, et pour être la terre d’adoption de ses propres ancêtres.

Sans ambition politique, sans quête de pouvoir, Dr Papa Fary Seye a affirmé vivre librement du fruit de sa craie et de son éponge, avec pour seule récompense la réussite d’un enfant, le relèvement d’un jeune, l’avancée de Diourbel.

Dans une conclusion poignante, il a rappelé que rendre hommage à Pa Boubala Ndiaye, c’est célébrer une mémoire, un combat et une dignité. Un peuple qui oublie ses héros devient un peuple sans boussole. Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir.

C’est pour cela que le FEB existe. Pour dire aux enfants : “Vous venez de loin. Vous portez une histoire. Vous n’êtes pas petits.” La jeunesse n’est pas perdue, a-t-il insisté. Elle attend qu’on lui montre le chemin. Et ce chemin passe toujours par le savoir.

Avec une formule appelée à marquer les esprits, le parrain a lancé : “La craie peut être plus puissante que l’arme à feu. Former un esprit libre, c’est libérer une nation entière.”

Pa Boubala Ndiaye repose en paix, mais son combat continue. Il continue dans les écoles, dans les consciences et dans chaque citoyen debout. Et à Diourbel, ce soir-là, l’histoire s’est écrite en lettres de dignité, de mémoire et d’espoir.

baoltimesnews : Thales Ndiaye 

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