Après des premiers mois parfois frustrants sous le maillot de l’Olympique de Marseille, Iliman Ndiaye s’apprête à défendre les couleurs du Sénégal lors de la Coupe d’Afrique des nations (13 janvier-11 février).
Avant d’entamer la défense du titre des Lions de la Téranga, l’attaquant phocéen s’est livré dans une interview avec RMC sur ses ambitions, sa fierté de participer à ce tournoi et sur ce que cette parenthèse peut lui apporter pour la suite de sa saison avec l’OM.
Que représente la Coupe d’Afrique des Nations pour vous ? C’était un rêve d’y participer ?
C’était un rêve pour moi. Toutes ces années où je l’ai regardée… J’ai toujours espéré y participer un jour. Pour moi, c’est un grand step (pas) dans ma carrière. En ce moment, la CAN est en janvier, et je pense que ça va m’aider pour la suite de la saison avec Marseille.
Quels souvenirs avez-vous de la CAN, durant votre enfance à Dakar par exemple ? Quel moment marquant vous revient ?
Je pense que le plus beau souvenir, c’est quand le Sénégal a remporté la CAN (2021). C’est le plus beau souvenir de tout le peuple sénégalais.
Comment avez-vous vécu la finale ?
Comme un supporteur (sourire). J’étais chez moi avec un de mes potes pour regarder le match. Juste après, j’ai fait un live et on me voyait danser! J’étais trop content. C’est comme si j’avais été sur le terrain avec eux. Donc voilà, j’espère y participer.
Dès ce sacre, vous vous dites ‘La prochaine fois, il faut que j’y sois ? Ça met encore plus d’étoiles dans les yeux ?
C’était exactement ça! J’étais avec mon pote, on était en train de parler et je lui ai dit ‘La prochaine fois c’est avec moi!’ Et lui il me disait ‘Ouais, va on arriver là!’ Donc je suis super content.
Vous sentez que ça a fait grandir le football au Sénégal, la sélection? Que vous n’êtes plus le même pays après ce sacre ?
Je pense qu’on n’est plus le même pays et que les gens ne nous regardent plus de la même manière. On voit en nous les champions d’Afrique, le pays le plus fort du continent. C’est comme ça qu’on nous regarde. Maintenant, quand on va jouer contre les autres pays, ça va être des matchs plus difficiles car ils vont se la donner encore plus.
Ça fait plus de pression ça, non?
Sûrement, oui, ça fait plus de pression. Mais je connais beaucoup de joueurs en équipe nationale et ils n’ont pas de pression. Ils jouent comme ils savent jouer, en équipe. Individuellement, ils font ce qu’ils savent faire depuis des années.
Qu’est-ce que ça fait d’être sur le terrain et de porter le même maillot que Sadio Mané ou Kalidou Koulibaly? Des joueurs qui ont une grosse expérience, qui ont gagné beaucoup de titres… Comment êtes-vous arrivé dans ce groupe sénégalais ?
Le travail paye. J’ai bossé pour en arriver là. Les regarder jouer à la télé tous les jours, gagner des titres… Pour moi, jouer avec eux maintenant est une immense fierté. Maintenant que je suis là, je compte y rester.
Il y a déjà eu un premier step avec la Coupe du monde il y a un an, où vous avez un peu exploser aux yeux des amateurs de football qui ne suivaient pas la Championship. Ça vous a aidé à vous installer au sein de la sélection ?
Je pense que ça m’a aidé à m’installer, oui. Ça me met plus en confiance quand je pars en sélection avec le Sénégal. Maintenant, ils me connaissent bien donc ils m’aident, et moi aussi j’essaye de les aider. La Coupe du monde m’a beaucoup aidé.
Quand on parle avec des joueurs qui jouent en sélection, ils nous disent qu’il n’y a rien de plus fort que de représenter son pays. Vous confirmez ?
Oui, ça c’est vrai, il n’y a rien de plus fort que ça. C’est un rêve que tu as depuis tout petit et le réaliser est quelque chose d’exceptionnel. C’est beau (sourire).
On ne va pas vous demander quel est l’objectif du Sénégal à la CAN, car l’objectif est de gagner. Mais comment faire pour gagner de nouveau? Car là, vous êtes très attendus…
Je pense qu’il faut garder les mêmes principes. Chaque match que nous allons jouer est une finale. On va jouer la CAN pour la gagner. On a le même objectif. On va essayer de faire le même boulot.
C’est un sacré tournoi qui s’annonce. Il y a la Côte d’Ivoire ultra-favorite, le Maroc, l’Algérie… Il y a des joueurs de talent de partout. Au Sénégal, il y a Koulibaly qui est parti en Arabie saoudite alors qu’il jouait à Naples, idem pour Sadio Mané… Le Sénégal est-il toujours aussi performant ?
Où les joueurs jouent n’a rien à voir avec ce qu’ils vont faire quand ils vont venir en sélection. On garde les mêmes objectifs et même les joueurs qui vont en Arabie saoudite ou ailleurs, ils sont toujours performants comme avant. Rien ne change quand ils viennent en sélection.
Comment voyez-vous votre poule (Cameroun, Gambie, Guinée) et le choc contre le Cameroun ?
Je ne pense que le choc soit seulement contre le Cameroun, tous les matchs sont des gros chocs. On a joué le Cameroun il n’y a pas longtemps, ça a été un match difficile, qu’on a réussi à gagner. Ça va être des gros matchs et on va les jouer pour les gagner.
Quelle est la force du Sénégal ? Qu’est-ce qui se dégage de cette équipe, vous qui êtes à l’intérieur ?
On est une famille, on fait tout ensemble. Dès qu’un nouveau joueur arrive, on a l’impression qu’il est là depuis longtemps. Les joueurs expérimentés viennent et te mettent bien dans le groupe. C’est ce qui fait notre force, être une famille, faire tout ensemble que ce soit sur le terrain ou en dehors.
Au sein de cette famille, il y a une petite famille ici à l’OM (Ismaila Sarr et Pape Gueye, ndlr). Comment ça se passe dans la Sénégalo-connection ?
(Rires) Ça se passe très bien! En dehors du terrain, on s’amuse. On fait beaucoup de choses ensemble, on va manger ensemble. Comme vous avez dit, c’est une petite famille ici, on prend une petite partie de la sélection et on est venu ici à Marseille.
Vous serez absent de votre club pendant, on vous le souhaite, un mois et demi (en cas de parcours jusqu’en finale, ndlr). Comme on gère ce sentiment quand on est joueur ?
Je ne peux pas vous dire car je n’ai pas encore connu ça. Pour la Coupe du monde, tout le football s’est arrêté. Quand je vais être à la CAN, je sais que je vais être focus sur mes matchs mais j’aurai quand même l’OM dans un coin de ma tête. Je vais regarder les matchs, s’ils ne sont pas à la même heure.
À l’OM, on a parfois le questionnement autour de votre positionnement en attaque. On sait que vous aimez être dans l’axe, où vous avez des repères. Parfois, vous jouez sur le côté. Avec le Sénégal, quelle est votre position favorite? Comment êtes-vous utilisé ?
En sélection, c’est pareil, ils m’utilisent sur un côté ou dans l’axe. Ça dépend des systèmes de jeu. Après, c’est vrai que j’ai toujours aimé jouer dans l’axe. Mais je suis prêt à faire ce qu’on me demande.
En gros, c’est être sur le terrain et jouer ?
C’est ça, être sur le terrain mais… devant ! (rires)
On sait que cette arrivée à Marseille vous tenait à cœur, que vous vous êtes sûrement mis un peu de pression par rapport à l’attente qu’il y avait. Est-ce que cette petite parenthèse avec le Sénégal peut vous faire du bien ?
Je pense vraiment que ça peut faire du bien. À chaque fois que je reviens de sélection, je me sens un peu plus à l’aise quand je joue. Donc oui, je pense que ça va faire du bien.
Est-ce que vous avez pu discuter avec d’anciens joueurs de l’importance de la CAN ?
Non, on n’a pas encore discuté, mais je sais que quand on va aller là-bas, ils vont nous dire comment c’est. Ils nous ont déjà un peu dit ce qu’ils ont vécu sur les dernières CAN. Tout ce que je sais, c’est que ça va être dur!
Dernière question sur la communauté sénégalaise à Marseille. Est-ce que quand vous vous baladez en ville on vous dit ‘Iliman, la CAN il faut nous la gagner ?
Oui ! (rires) On me le dit tout le temps. À chaque fois qu’un Sénégalais me voit, il me le dit !
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