
La récente élection des membres africains au Conseil de la FIFA a livré son verdict, et l’un des grands absents de cette liste est Me Augustin Senghor. Un résultat qui l’a conduit à annoncer sa démission immédiate de son poste de vice-président de l’instance continentale, estimant ne plus avoir la “légitimité’’ nécessaire pour continuer à porter ce titre. Retour sur un scrutin révélateur des dynamiques politiques du football africain.
Lors de l’élection tenue en marge de l’Assemblée générale de la CAF, trois candidats ont largement dominé le scrutin : le Marocain Fouzi Lekjaa (49 voix), le Mauritanien Ahmed Yahya (30 voix) et la Comorienne Kanizat Ibrahim (29 voix). En outre, l’Égyptien Hani Aboo Ridha (35 voix), le Nigérien Djibrilla Hima (35 voix) ou encore le Djiboutien Souleymane Waberi (29 voix) ont devancé Augustin Senghor et sont d’ailleurs membres du Conseil de la FIFA.
Ces scores, particulièrement élevés pour Lekjaa, président de la Fédération marocaine et figure montante du football continental, reflètent un plébiscite en faveur de dirigeants perçus comme porteurs d’une nouvelle ère. À l’inverse, Augustin Senghor, pourtant expérimenté et candidat déclaré, n’a pas réussi à rallier suffisamment de soutiens, signe d’un désaveu marqué par ses pairs.
De nouvelles voix émergentes, sous la coupole du Maroc
La victoire écrasante de Lekjaa confirme le poids du Maroc sur la scène footballistique africaine. Son rôle clé dans l’organisation de la Coupe du Monde 2030 et le succès récent du Wydad et du Raja en clubs jouent en sa faveur. Ahmed Yahya (Mauritanie) et Kanizat Ibrahim (Comores), moins médiatisés mais proches du magnat marocain, ont su convaincre grâce à des alliances régionales ou une image de renouveau. Leur élection symbolise une diversification des équilibres au sein de la CAF.
« Une démission cohérente »
Dès l’annonce des résultats, Me Senghor a fait part de sa décision de quitter son poste de vice-président de la CAF, qu’il occupait depuis 2021. Le dirigeant sénégalais a considéré que telle était la décision la plus cohérente qu’il puisse prendre. Une réaction empreinte de dignité, mais qui interroge sur les raisons profondes de son échec. Était-ce dû à un manque de campagne efficace ? À une méfiance envers son leadership ? Ou simplement à la montée en puissance d’autres réseaux d’influence, comme celui du Maroc, dont Fouzi Lekjaa incarne l’ascension ? Ou encore à la représentation de pays de second rang comme les Comores, le Niger ou encore le Djibouti au sein de l’instance mondiale ?
Ancien candidat à la présidence de la CAF en 2021 (avant le protocole de Rabat), Senghor incarnait un courant réformateur modéré. Sa défaite actuelle pourrait marquer un retrait progressif des figures historiques au profit d’une génération plus connectée aux enjeux économiques et médiatiques modernes.
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