Le besoin d’une politique agricole continue au Sénégal ou entre vides et des opportunismes mal placés :

Create: mar 08/08/2023 - 13:23
Author: admin
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esquisse d’une proposition de politique agricole…

Les politiques publiques de développement, particulièrement rurales, notamment, agricoles sont l’une des motivations principales de notre bifurcation en sciences politiques, car là, nous présumions qu’il y avait encore à faire. En effet, la soudure, une faim périodique de l’agriculteur, des paysans est un indice annonciateur considérable de l’insécurité alimentaire récurrente un peu partout en Afrique, au Sénégal aussi. Or, l’Afrique n’est qu’espace arable, même si la sécheresse conjoncturelle par ci ; structurelle, permanente par là exige des mesures de rétention, purification et conservation des eaux à des fins bénéfiques à l’environnement et à l’agriculture. Hormis, l’équation de l’eau, les politiques, planifications, mises en valeur, mais le chapitre de la rentabilisation allant de l’autoconsommation, la conservation, la transformation, la commercialisation locale et l’exportation sont des leviers à actualiser, dynamiser pour secréter une politique agricole triomphante. Cette politique ne sera pertinente que participative avec une concertation, une coordination des belligérants et ou acteurs sous l’angle de l’intelligence économique territorialisée. En effet, le renoncement populaire des champs surtout par les jeunes, bras valides, la répugnance de l’agriculture motivée par sa non rentabilité comme disent en chœur des paysans du Sénégal profond : «l’agriculture ne nourrit même plus son homme pour amener à prétendre en tirer des sous conséquents au moment où comme en ville, nous aussi complexés ou lassés, nous préférons de plus en plus consommer les produits alimentaires importés ou seulement non cultivés dans nos terroirs, notamment, le riz». Mais aussi, les plans, projets ou programmes souvent localisés, conjoncturels avec le régime au pouvoir ne font pas pour nous office de politique agricole. D’où un rush vers le secteur fourre tout qu’est l’informel, lui aussi très instable. De là, l’insécurité alimentaire vogue vers une imposture voire insécurité populaire.

Les politiques agricoles sénégalaises sont depuis plusieurs décennies ballotées entre déterminisme des facteurs du local au global et surtout ambitions, bonnes intentions des politiques, or la politique agricole est un domaine par excellence participatif, inclusif, mais technique. Donc, une politique agricole sénégalaise, au Sénégal revêt une importance particulière (65°/° de la population sénégalaise sont encore agriculteurs ou dépendants d’elle). Ainsi, une politique agricole sénégalaise sera concertée ou ne sera pas, car le Sénégal est aujourd’hui encore un pays rural donc agricole tendant vers le modernisme. Et, cette ruralité a été assumée et continue de l’être tant bien que mal par les régimes successifs à travers des politiques de développement rural, notamment, agricole. Ces politiques agricoles sénégalaises dont doute le Pr Mohamed Mbodji (dans la crise trentenaire de la filière arachidière, 1992) quant à leur existence tant elles sont inconstantes et fragmentées, évoluent et varient selon le temps, les régimes et les zones. En effet, les régimes impriment leurs orientations, de même que le marché local et mondial, la conjoncture dicte ses lois et les facteurs zonaux locaux délibèrent ou simplement subissent.

Soixante ans après nos indépendances traversées par deux régimes socialistes et deux libéraux dont le dernier est en cours de mandat; le secteur agricole fut et reste donc insufflé et ou inspiré par ces divers pouvoirs selon leurs principes, leurs ambitions, leurs idéologies, leurs moyens, la conjoncture internationale, la demande du marché local et mondial…Donc, Ces politiques, prétentions, propositions par divers dirigeants ont toujours cherché à se calibrer sur les possibilités, les partenariats, à s’adapter à l’agriculteur, aux facteurs zonaux locaux qui font la règle zonale, où les potentialités prévalent etc. Attentiste face à l’Etat qui n’arrive pas encore à autonomiser par exemple en semences les producteurs et avec un matériel rudimentaire (l’éternel recommencement de Sarkozy), le paysan local cherche à se nourrir, tirer profit, et donner satisfaction à l’Etat grâce à sa production.

Cependant, aujourd’hui encore, ces politiques agricoles sont décriées du fait de résultats insatisfaisants (on est aujourd’hui dans l’écrasante majorité dans une agriculture de subsistance qui ne permet pas de tenir plus de 6 mois dite agriculture familiale) mais à cause d’un opportunisme mal placé par lesquels leurs objectifs souffrent d’imprécision. Et cela, même si, dernièrement des déclics ont été notés dans la riziculture et dans beaucoup d’autres spéculations qui avaient connu des rendements déclarés records d’où une consécration de l’académie agricole française décernée au président Sall : « le président de la République Macky Sall est le premier chef d’Etat africain à recevoir la plus haute distinction de l’Académie des sciences et techniques d’agriculture de la France”. Selon le président de cette académie, «les performances de l’agriculture se sont considérablement améliorées depuis l’arrivée du président Macky Sall à la tête du pays et l’histoire lui a donné raison parce que la croissance dans le secteur agricole a battu un record en 2017 avec un million de tonnes de riz ». Et le président Sall de le conforter : «L’agriculture à la part productive la plus importante à la croissance avec 16, 8 %, ce qui prouve que l’agriculture est la force motrice qui doit tirer la croissance du pays». (Agriculture au Sénégal : la donne sera nouvelle si…P B Moussa Kane, doctorant UGB en Aménagement-développement rural).

Mais aussi, au de là de la faisabilité les politiques agricoles doivent prendre en compte d’autres paramètres considérables : la durabilité (la conservation des potentialités) et la rentabilité (permettre l’autoconsommation et ou un gain acceptable). Par, ailleurs, la politique ou proposition agricole sénégalaise se fera par prise en compte de multiples paramètres lesquels constituent des échelons de validation. Donc, cette politique ne saurait être homogène, mais adaptée aux zones, aux temps des zones et du monde. L’idéologie des régimes successifs si nécessairement influente et capable de donner du sang neuf, un nouvel élan aux agriculteurs ne doit donc pas remettre en cause «l’accord scientifique établi» lequel accord, si pas grande surprise, devrait connaitre une durée, elle aussi établie scientifiquement ou prospectivement en concertation.

Ainsi, il s’agit, aujourd’hui, de sectoriser (selon les filières : horticulture, maraichage, fruitière…à booster et disperser autant que possible), spatialiser (les potentialités que sont surtout le sol et l’eau divergent en qualité et quantité invitant à certaines exploitations sur d’autres ou même des arbres résilients utiles) et périodiser (notre agriculture est surtout pluvieuse trois mois sur douze aussi des capacités hydriques permettent des agricultures irriguées dans le bassin de l’Anambé au sud et le fleuve Sénégal au nord ; on a expérimenté les bassins de rétention sans suite d’où des pertes considérables pour un pays sahéliens par exemple au Baol des lacs d’eaux sont laissés sans mise en valeur pour des cultures de contre saison ou de transition). Mais avant tout cela l’agriculture de chez nous et d’aujourd’hui se possibilise d’où une préparation adéquate mais s’encadre, s’assure ,notamment, par des débouchés ou marchés consommateurs, des stratégies de mise en valeur par la conservation, la transformation, l’écoulement, l’exportation (dans un contexte de e-commerce)…car nos agricultures tout comme nos plans, projets et programmes mis en expérimentation font face aux défis de la compétitivité, de la rentabilité, de la durabilité des initiatives agricoles déroulées par ci et par là.

Ces plans, projets ou programmes souvent localisés, conjoncturels avec le régime au pouvoir ne font pas pour nous office de politique agricole. Mais seulement, pourrait être à juste titre dynamisant, efficace ponctuellement. Ce sont les cas du programme d’ajustement sectoriel agricole (PASA) depuis 1995 ; la nouvelle initiative sectorielle pour le développement de l’élevage« NISDEL » vers 2004 ; le plan REVA (retour vers l’agriculture) vers 2006 ; GOANA, plan SESAME sous Wade ; PRACAS, PRODAC, DAC, ANIDA sous Sall…..Nos pays ont besoin, aujourd’hui, d’un mouvement d’ensemble, d’un regard de notre global qui ira certes avec des spécificités, zonations, spéculations et filières….

Aussi, l’écrasante majorité des 65 % de la population rurale mène une agriculture traditionnelle et familiale. Cette agriculture familiale est définie par Abdon Séne, jeune leader d’un mouvement paysan diourbellois comme étant : «une agriculture pour et par soi, avec de modestes moyens (ânes, chevaux, vaches, houes, hilaires…) sur de petites parcelles, en familles ; c’est l’agriculture qui tient les ruraux sénégalais qui vivent avec et vendent le petit restant. L’agriculture familiale, à Diourbel, repose sur le mil comme culture vivrière et l’arachide, le sésame, le niébé, la pastèque comme cultures commerciales.» Cette agriculture familiale dont la nécessité du maintien est un consensus pour les besoins du ravitaillement de la population surtout rurale n’en comporte pas moins des insuffisances incidentes sur le développement agricole et le développement global du pays. Depuis nos indépendances, avec deux régimes successifs socialistes, l’option du développement agricole passant par l’agriculture familiale a connu des fortunes diverses. Cependant, à l’arrivée, le constat de l’échec de l’agriculture familiale à aboutir au développement agricole national est général. Le développement agricole impossible par l’agriculture familiale? Beaucoup n’hésitent plus à répondre par l’affirmatif, tant les investissements, encadrements, accompagnements, subventions… ont été déclarés consistants voire constants : le rural est le compartiment du pays le plus aidé avançait cet analyste, mais plus aidé équivaut il à mieux aidé? Et même en ce 21éme siècle la formule ou la formulation de l’aide ne devrait elle pas être revue?
L’agriculture familiale pour surtout la subsistance et l’agriculture de grandes exploitations pour l’exportation et les industries semble être l’option nationale. Les programmes REVA, GOANA promus par l’ancien régime déroge à cette dernière règle. Les grandes exploitations, notamment, maraboutiques collaborent aussi avec le secteur agroindustriel local. Des occidentaux investissent le secteur surtout au nord, dans la vallée à des fins surtout d’exportation. L’Etat s’y annonce à travers des programmes comme PRODAC, DAC…Toutefois, l’étendu de la demande internationale et celle locale (cas de la SOCAS fermée pour sous ravitaillement, déficit de tomates) n’a jamais été satisfait. Les grandes exploitations maraboutiques s’installent sur les espaces disputés et ceux désertés. La polémique est nourrie quant au statut foncier des terres mises en valeur.

Pour plus de détails sur ces différentes agricultures que sont l’agriculture familiale, les grandes exploitations, l’agrobusiness…D’abord, les exploitations familiales de culture de rente comme vivrières sont de nos jours frappées de sous production sinon de désertion en atteste la régression des surfaces emblavées et le taux de couverture, de satisfaction des besoins alimentaires des ménages agricoles nous dit on, ne fait pas six mois sur douze (enquêtes de terrain dans des contrées du bassin arachidier). Ainsi, l’agriculture sénégalaise a donc dans son ensemble besoin d’être boostée, d’être dopée mais sainement.

Investie de la mission de nourrir la majorité des sénégalais, l’agriculture familiale mérite une attention particulière. Mais dans sa réalité, des pratiques, techniques et matériaux anciens, peu performants avec une pénibilité qui dissuade certains subsistent d’où la modernisation de certaines de ces facettes est une exigence d’avancement comme le déclarait Sarkozy : «l’éternel recommencement». Cette exigence ne signifie nullement quête de rentabilité et de modernité excessives tendant à déstructurer entre autres sol et eau par apport de substances chimiques et d’une mécanisation néfaste. ‘’Cette alchimie’’ pour se concrétiser passera nécessairement par une prospection car comme le préconisait le président Senghor : «l’action pour être féconde doit se nourrir de pensées». Cette concertation des scientifiques et des acteurs partira nécessairement de la prise en compte des différentes zones (potentialités et faiblesses), du marché interne et externe (les demandes à susciter aussi) pour pouvoir se prononcer sur les capacités périodiques ou illimitées de nos terroirs de même que les compléments et correctifs à les pourvoir. Dans ce sens, si on devait tendre vers une redéfinition ou redistribution de la feuille de route des exploitations familiales par érection d’une agriculture de grandes exploitations, ce serait qu’un mieux dans la mesure où les ruraux impliqués, engagés pourront compter sur leurs parcelles cultivées et leur salaire d’ouvriers agricoles donc techniquement et financièrement renforcés. Hormis, cette agriculture locale de grandes exportations qui était surtout maraboutiques d’exportation et ravitaillant des usines locales. L’agro-business se signale au Nord du pays vers St Louis et dans les Niayes parfois avec une cohabitation difficile avec certaines populations autochtones pour des motifs fonciers. Cette agrobusiness pourrait apporter un plus à notre agriculture dés lors que l’espace arable est disponible, peut être maintenant, trouver un équilibre prenant en compte les espaces propices disputés surtout des zones humides en voyant si les populations autochtones avaient les moyens de la mise en valeur d’où elles seront confortées sinon l’investissement étranger est le bienvenu. Mais aussi, les cas où une cohabitation est possible sans exclure l’invite aux bailleurs de partout d’investir durablement les zones arables moins bien dotées. Le tout en visant d’abord notre auto suffisance alimentaire, notre sécurité, notre souveraineté; sans taire les exigences de développement durable quand on sait que les étrangers dans l’agrobusiness sont suspectés par les riverains de verser dans une frénésie chimique qui ne devrait être cautionnée. Dans cette perspective, des pays africains de grandes exploitations tels le Maroc, le Kenya; mais le Burkina, Israël et la Libye où quelques parts on a su dompter les conditions arides, et aussi la Californie, l’UE seront des expériences pertinentes quant à l’apport du modernisme…donc après l’analyse de ces exemples, à nous de formuler la synthèse.

Concrètement, nous voulons en venir au fait que la proposition politique agricole, si elle est existante mériterait d’être clarifier par là nous voulons dire que les acteurs ou du moins pratiquants sont d’accord que des insuffisances à solutions simples entravent le progrès de l’agriculture sénégalaise. Dans ce sens, une cartographie à jour des potentialités zonales sols-eaux-couverts végétaux pour orienter et inciter la mise en valeur qui doit être allier partout à un reboisement de toutes les exigences. Cette nécessité de revoir la politique agricole sénégalaise intéresse toute la chaine partant de la planification ou préparation à la conservation-transformation-commercialisation. Et cette politique agricole sera aussi le reflet ou répercussion de la dimension territoriale, foncière, éco géographique du pays en ce sens que notre pays connait différentes zones distinguées par leurs données physico-climatiques. Lesquelles exploitations des spécificités zonales ont doit aussi tendre à optimiser, dépoussiérer.

Une autre dimension déterminante d’une politique agricole est à notre avis, le levier de la rentabilité. Une bonne prise en compte de la demande locale et extérieure quelle soit en attente (de connaisseurs) ou à motiver, secréter (dans nos pains nos céréales ont bien leur place, le couscous sénégalais à base de mil est récemment sacré meilleur du monde d’où le secteur de la transformation a une intéressante marge de progression). Donc pour nous, la politique agricole est l’aboutissement de la concertation nécessaire entre agriculteurs, scientifiques, investisseurs, exportateurs, transformateurs et l’Etat… Si une de ces étapes à prendre en compte dans la formulation des politiques agricoles est négligée ou ignorée, notre agriculture en perd de la vitesse, du dynamisme. On pourrait plus détailler l’importance de ces différentes dimensions dans une politique agricole. Mais, brièvement, nous pouvons simplement dire qu’une telle démarche de formulation avant application elle aussi concertée-cordonnée débouchera sur la libération et l’expression de toutes nos potentialités agricoles quelles soient ressources humaines, foncières, hydriques, nos capacités périodiques, commerciales et pas le moindre une autosuffisance alimentaire possibilisée, notamment, par une consommation locale démontrée comme étant la meilleure option car la transformation idoine, l’incorporation dans le pain quotidien comme dans tous nos mets de nos produits agricoles permettra à la fois une meilleure santé des plus jeunes comme des plus âgés, mais une meilleure promotion de nos produits agricoles. Ainsi, l’agriculture redeviendra une activité valorisante. Donc ici aussi, mais toujours, l’intelligence économique territorialisée mais projetable et prospective est interpellée pour insuffler une démarche opérationnelle à la quelle le groupe de recherche les «EDIFICATIONS» convie, celle ci fera aussi l’évaluation de nos programmes, plans et politiques pour mieux nous propulser. *

Moussa Kanté, doctorant en Aménagement- DEA science PO, responsable commission scientifique du mouvement des étudiants panafricains de l’université de St louis (MEPUS)

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