Le président turc Recep Tayyip Erdogan a posé une nouvelle condition à l'entrée de la Suède dans l'Otan : que les 27 ouvrent "la voie à l'adhésion de la Turquie à l'UE". Une rencontre est prévue avec le Premier ministre suédois à Vilnius pour d'ultimes tractations. Olaf Scholz a estimé que les deux sujets n'étaient pas "liés".
Ankara soutiendra l'adhésion de la Suède à l'Otan si l'Union européenne rouvre les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, a affirmé, lundi 10 juillet, le président turc Recep Tayyip Erdogan.
"Ouvrez d'abord la voie à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, et ensuite nous ouvrirons la voie à la Suède", a déclaré le chef d'État turc à la veille de l'ouverture du sommet annuel de l'Otan à Vilnius.
Une condition immédiatement écartée par Olaf Scholz lors d'une conférence de presse à Berlin. "Il ne faut pas la considérer comme un sujet lié", a déclaré le chancelier allemand, estimant que "rien ne s'oppose à une adhésion de la Suède à l'Otan".
La Turquie est candidate à l'adhésion à l'UE, mais sa demande d'adhésion a été bloquée en raison du recul démocratique d'Ankara et de ses différends avec Chypre, membre de l'UE.
Les dirigeants turc Recep Tayyip Erdogan et suédois Ulf Kristersson doivent se retrouver à Vilnius, dans la journée, pour discuter du dossier à la veille du sommet annuel de l'Alliance. La rencontre, organisée par le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, a pour but de permettre de lever le veto d'Ankara qui bloque depuis mai 2022 l'entrée de Stockholm dans l'Alliance atlantique.
Jens Stoltenberg, qui souhaite que les 31 États membres de l'organisation offrent un front uni face à la Russie, a jugé jeudi "absolument possible" d'obtenir une "décision positive" de la Turquie en Lituanie.
De son côté, le président Erdogan a promis vendredi de prendre "la meilleure décision, quelle qu'elle soit", laissant sous-entendre que toutes les options sont sur la table.
Ankara réclame l'extradition de militants kurdes
Recep Tayyip Erdogan reproche aux autorités suédoises leur mansuétude présumée envers les militants kurdes réfugiés sur leur sol et réclame l'extradition de dizaines d'entre eux.
"Comment un État qui ne prend pas ses distances avec les organisations terroristes peut-il contribuer à l'Otan ?", a demandé le président turc, qui a fustigé à plusieurs reprises la Suède, encore le mois dernier, pour avoir autorisé des autodafés de Coran.
La Turquie est le dernier pays de l'Otan avec la Hongrie à s'opposer à l'entrée de la Suède en dépit des mesures prises par le pays scandinave, dont une réforme de sa Constitution et l'adoption d'une nouvelle loi antiterroriste.
La semaine dernière, la Suède a en outre condamné un Turc d'origine kurde à quatre ans et demi de prison pour "extorsion" et "tentative de financement terroriste" au profit du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié de terroriste par Ankara et l'Union européenne – une première dans le pays scandinave.
France 24
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