Un homme a foncé sur une famille musulmane, dimanche soir, au volant de son pick-up, à London, au Canada, faisant quatre morts. Le suspect a été arrêté. Cette attaque préméditée a été qualifiée d'"horrible acte d’islamophobie" par Ottawa.
Quatre membres d’une famille musulmane ont été tués dans une attaque "préméditée", dimanche 6 juin au soir, dans la ville de London, au Canada. Ce drame, qui a provoqué une vive émotion, constitue l’attaque anti-musulmans la plus meurtrière dans le pays depuis la fusillade de la mosquée de Québec en 2017.
Dimanche, vers 20 h 40 (lundi vers 2 h 40 à Paris), les cinq membres de la famille attendaient pour traverser un carrefour lorsqu’un pick-up noir "est monté sur le trottoir et les a percutés", selon la police.
Les noms des victimes n’ont pas été divulgués, mais il s’agit d’une femme de 74 ans, d’un homme de 46 ans, d’une femme de 44 ans et d’une adolescente de 15 ans, représentant trois générations d’une même famille, a déclaré le maire de London, Ed Holder.
Un garçon de 9 ans de cette même famille a également été hospitalisé dans un état grave à la suite de l’attaque.
Ils seraient originaires du Pakistan, selon des médias locaux.
Le suspect, Nathaniel Veltman, 20 ans, a pris la fuite après les faits, mais a été arrêté rapidement à 7 km des lieux du drame et a été inculpé lundi de quatre meurtres avec préméditation et d’une tentative de meurtre. La police n’exclut pas d’ajouter "d’éventuelles accusations de terrorisme" à son encontre.
"Un horrible acte d’islamophobie"
"Il y a des preuves qu’il s’agissait d’un acte prémédité et planifié, motivé par la haine. Nous croyons que les victimes ont été ciblées parce qu’elles étaient musulmanes", a déclaré Paul Waight, enquêteur de la police de la ville de London.
"Il n’y a aucun lien antérieur connu entre le suspect et les victimes", a-t-il ajouté. L’homme n’a aucun casier judiciaire et aucune affiliation connue avec un groupe spécifique, selon la police. Il portait une veste ressemblant à un gilet pare-balles lors de son arrestation.
"Il s’agit d’un évènement qui doit être décrit comme un horrible acte d’islamophobie", a réagi dans la soirée le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair. "Cette tuerie de masse, et d’autres attaques similaires, ont pour effet de terroriser une communauté ciblée et de faire craindre aux gens que leur famille pourrait être la prochaine. Personne ne devrait jamais avoir à vivre de cette façon."
Le Premier ministre Justin Trudeau s’est dit "horrifié". "Aux proches des personnes terrorisées par l’acte de haine d’hier (dimanche), on est là pour vous. L’islamophobie n’a sa place dans aucune de nos communautés. Cette haine est insidieuse et méprisable – et elle doit cesser", a tweeté le chef du gouvernement.
Attaque à London : Justin Trudeau se dit "horrifié"
De son côté, le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) se dit "plus qu’horrifié et demande justice après l’horrible attaque à la voiture motivée par la haine contre une famille musulmane à London, en Ontario, qui se promenait dimanche soir". "Il s’agit d’une attaque terroriste en sol canadien et (elle) doit être traitée comme tel", a déclaré son président, Mustafa Farooq.
L’association musulmane du Canada a également appelé les autorités à considérer "cette horrible attaque comme un acte de haine et de terrorisme".
Un drame qui fait écho à un souvenir douloureux
De nombreux bouquets de fleurs ont été déposés toute la soirée de lundi sur les lieux du drame. Une veillée à la mémoire des victimes est prévue mardi en début de soirée dans une mosquée de la ville.
"Soyons clairs, il s’agit d’une tuerie de masse perpétrée contre des musulmans, contre des Londoniens, enracinée dans une haine indescriptible", a déclaré M. Holder.
L’attaque a ravivé le souvenir douloureux d’une fusillade de masse dans une mosquée de Québec en janvier 2017, considérée comme l’une des pires attaques du genre dans un pays occidental, avant celle de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en 2019.
Un suprémaciste canadien, Alexandre Bissonnette, avait ouvert le feu sur les fidèles rassemblés à la mosquée de Québec, tuant six personnes et en blessant grièvement cinq autres. Le tireur a été condamné à la prison à vie, mais la période de sûreté interdisant sa libération conditionnelle a depuis été ramenée à 25 ans, au lieu de 40 initialement.
france24
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