L'Union européenne a imposé des restrictions aux Russes voyageant en Europe en raison de l'invasion de l'Ukraine, certains pays – comme l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Finlande, la Pologne et la République tchèque – allant même jusqu’à une interdiction totale. Ces contraintes ont ouvert de nouveaux marchés à travers le monde pour l’industrie touristique russe.
Connue pour ses plages tropicales, ses rizières luxuriantes et ses montagnes volcaniques, Bali est une destination touristique réputée qui attire des voyageurs du monde entier. Mais cette île de l'océan Indien a commencé à voir l’an dernier une augmentation d’une catégorie spécifique de visiteurs : quelque 58 000 Russes se sont rendus à Bali en 2022. Et rien qu'en janvier 2023, le nombre de touristes en provenance de Russie a atteint 22 500, selon les données du gouvernement indonésien, faisant des Russes le deuxième plus gros contingent de voyageurs étrangers derrière les Australiens.
De l’autre côté du monde, c’est une autre histoire qui s’écrit. "Paris a connu une baisse de 95,8 % du nombre de touristes russes arrivant par avion entre janvier et mai 2023 [par rapport à 2019]", affirme un porte-parole de l'office du tourisme de Paris. Et pendant les mois d'été, l’augmentation des arrivées russes dans la capitale française – l'une des villes les plus visitées d’Europe – devrait être de moins de 1 %.
Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, il est devenu beaucoup plus difficile pour les Russes de voyager vers l'Union européenne. L'obtention des visas de voyage est plus coûteuse et plus complexe, les compagnies aériennes russes sont interdites de vol au-dessus et vers l'UE, et les oligarques russes ne peuvent plus faire atterrir leurs jets privés où ils le souhaitent.
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À ces restrictions s’ajoute la perspective d'un accueil hostile pour les touristes russes. Un peu plus d'un an après l'invasion de l'Ukraine, la Russie est désormais largement perçue dans les pays de l'UE comme "un adversaire", selon un sondage réalisé en janvier dans plusieurs pays européens.
Pour autant, des millions de Russes continuent de voyager. En 2022, quelque 22,5 millions de voyages à l'étranger ont été effectués par des touristes russes, contre 19,2 millions en 2021.
Si la Turquie est leur destination principale, la Thaïlande, les Émirats arabes unis, les Maldives et l’Égypte figurent également parmi les pays qui ont connu le plus grand boom de visiteurs russes.
Accords de coopération touristique en pagaille
La Russie occupait en 2021 le 14e rang du tourisme international avec des dépenses d'environ 11,4 milliards de dollars, selon Statista.
Et si l’Europe est prête à se priver des touristes russes, les pays du reste du monde entendent prendre leur part du marché. Ainsi, le Sri Lanka, le Maroc et la Thaïlande prévoient d'ouvrir des liaisons aériennes directes avec la Russie pour faciliter les voyages, tandis que l'Inde, la Birmanie et Oman ont récemment eu des discussions avec Moscou dans le but d’augmenter le nombre de touristes en provenance de la Russie.
De même, l’Iran a signé un accord avec la Russie le 19 mai pour renforcer la coopération touristique entre les deux pays, quelques jours seulement après que Cuba a signé un accord similaire visant à atteindre les 500 000 visiteurs russes par an.
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Pour certains pays, stimuler le tourisme russe est une façon d'équilibrer les liens économiques avec la Russie. La Turquie est l'un des plus grands consommateurs d'énergie russe au monde et son industrie touristique dépend largement des vacanciers russes. Or, celle-ci n’a pas été affectée par la guerre en Ukraine. "La Turquie n'a pas imposé de sanctions à la Russie, elle est donc devenue la première destination des touristes russes", analyse Faruk Balli, professeur à l'École d'économie et de finance de l'Université Massey en Nouvelle-Zélande.
À l’inverse, à Chypre et en Grèce, le manque de touristes russes – qui représentaient jusqu’ici une grande partie des visiteurs – a mis à mal l'économie et incité à repenser les modèles touristiques.
Chute de 96,1 % du nombre de touristes étrangers en Russie
La situation n’est pas du tout la même à Paris. "Les visiteurs russes représentent généralement 1 % de l’ensemble des touristes", estime un porte-parole de l'office du tourisme de Paris.
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En revanche, la Russie subit d’importantes pertes économiques liées au tourisme. Le nombre de visiteurs étrangers s’y rendant a chuté de 96,1 % en 2022 par rapport aux chiffres d'avant la pandémie de Covid, en 2019, selon l'Association des Tour-opérateurs de Russie.
Depuis l'invasion de l'Ukraine, les touristes européens et américains, en particulier, boudent la Russie : les sanctions occidentales y ont compliqué les voyages en raison des restrictions de vol et de l'impossibilité d’utiliser dans le pays les cartes Visa et Mastercard émises par des banques étrangères.
Le gouvernement russe tente donc d’encourager le tourisme intérieur pour revitaliser le secteur, tout en intensifiant ses efforts pour attirer d’autres visiteurs internationaux. Des projets sont en cours d’élaboration pour coordonner le système de paiement russe Mir avec l'équivalent indien RuPay et pour supprimer la nécessité d’obtenir un visa russe pour les visiteurs de certains pays arabes et d'Amérique latine.
Le retour des groupes de touristes chinois en février 2023, après la levée des restrictions de voyage liées au Covid-19, est également mis en avant pour montrer que la Russie reste une destination touristique prospère. Les médias d'État russes ont ainsi rapporté que le nombre de visiteurs chinois en Russie pourrait revenir aux niveaux d'avant la pandémie dans les trois prochaines années.
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