La question migratoire est toujours au cœur de la campagne présidentielle américaine. La Maison Blanche a annoncé ce mardi 4 juin que le président américain va signer un décret pour limiter le droit d’asile et restreindre le nombre de migrants qui traversent la frontière sud. Il est prévu une fermeture complète de la frontière avec le Mexique lorsque le nombre d'entrées illégales dépasse les 2 500 par jour.
Tous les sondages le disent mois après mois, l'immigration est, avec l’économie, l’un des sujets de préoccupation majeurs de l’opinion américaine, bien avant toutes les questions internationales. Et donc en enjeu immense de l'élection présidentielle à venir en novembre. La situation à la frontière est aussi un sujet identifié comme une faiblesse de la candidature de Joe Biden par les républicains qui l’attaquent continuellement sur ce thème.
En réaction, le président américain a décidé de prendre une mesure qui fera grand bruit. La Maison Blanche a informé ce mardi 4 juin qu'il fermera temporairement la frontière des États-Unis avec le Mexique à chaque rebond d'arrivées de migrants clandestins. Un coup de barre à droite pour tenter de séduire une partie de l'électorat en pleine campagne pour se maintenir à la Maison Blanche face à Donald Trump.
Le démocrate de 81 ans, va signer un décret, annoncé de longue date, qui empêcherait les migrants entrés illégalement d'accéder au système d'asile lorsque leur nombre dépasse les 2 500 par jour. Le texte facilitera aussi les expulsions vers le Mexique, selon la Maison Blanche. Des responsables américains ont précisé que les nouvelles restrictions devraient entrer en vigueur avec effet immédiat, car le nombre de personnes franchissant la frontière sans papiers en règle est déjà supérieur au seuil fixé.
« Je ne diaboliserai jamais les migrants »
Joe Biden a assuré que ces nouvelles restrictions à l'immigration permettront de « sécuriser » la frontière. Ces mesures « nous aideront à reprendre le contrôle de nos frontières et à rétablir l'ordre dans le processus » de demande d'asile, a déclaré le président américain lors d'une allocution, ajoutant qu'elles respectaient « le droit international ».
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) s'est pourtant dit mardi « très préoccupé » par le durcissement de la politique d'immigration américaine, annoncée plus tôt par le président Joe Biden, pressant Washington de reconsidérer ses décisions. « Les nouvelles mesures vont empêcher nombre de personnes ayant besoin de protection internationale de bénéficier à l'asile, et elles se retrouveront sans option viable pour se mettre en sécurité », a commenté le HCR dans un communiqué.
« Je ne diaboliserai jamais les migrants. Je ne parlerai jamais d’eux comme d’un poison dans le sang de notre pays. Et je ne séparerai jamais les enfants de leurs parents à la frontière. Je n’interdirai pas d’entrée des gens à cause de leur religion », s'est défendu Biden face aux critiques, faisant référence à la politique migratoire américaine sous le mandat de son prédécesseur.
Message politique
Cette politique d'immigration qui reste tout de même l'une des plus restrictives jamais adoptée par un président démocrate, le rapprocherait des positions de son prédécesseur républicain Donald Trump, alors que tous les sondages montrent que le sujet pèse lourd sur les chances de réélection de Joe Biden en novembre.
L'équipe de campagne de Donald Trump a balayé la mesure comme une tentative désespérée pour séduire l'électorat le plus conservateur. C’était à l'origine l’idée du projet de loi bipartisan, finalement rejeté il y a quelques semaines par les républicains sous la pression de Donald Trump. Celui-ci ne voulant pas offrir de succès politique à son adversaire.
« Pour Joe Biden, la sécurité des familles américaines doit toujours passer en premier. C'est pourquoi le président annonce aujourd'hui de nouvelles mesures historiques visant à empêcher les migrants qui franchissent illégalement notre frontière méridionale de bénéficier de l'asile » aux États-Unis, a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche, Andrew Bates.
Reste que l'idée semble bien difficile à réaliser. Un décret ne s’accompagne pas, en effet, des moyens financiers, techniques et humains que peut apporter une loi. Il faut ajouter qu'une telle décision va presque certainement être contestée devant les tribunaux. Enfin, il faudra nécessairement compter sur une collaboration de la nouvelle présidente mexicaine. Cela fait beaucoup de conditions et d’obstacles. Mais la concrétisation est sans doute moins importante pour Joe Biden que le message politique envoyé en cette année électorale.
rfi
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