La prison de Shek Pik, à Hong Kong, le 19 janvier 2022. © AFP (Archive)
La Chine a prononcé de la prison à vie contre un citoyen américain résidant à Hong Kong. Les détails des charges retenues contre John Shing-wan Leung n'ont pas été rendus publics. Cette condamnation risque de dégrader encore davantage les relations sino-américaines déjà tendues.
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Une très lourde condamnation. Un Américain de 78 ans, résident permanent de Hong Kong, a écopé, lundi 15 mai, en Chine, de la prison à vie pour "espionnage".
Une telle peine visant un citoyen étranger pour ce motif est relativement rare dans le pays asiatique. Elle intervient sur fond de tension entre les États-Unis et la Chine et à quelques jours du déplacement au Japon du président américain. Joe Biden doit en effet participer, du 19 au 21 mai, au sommet du G7 à Hiroshima.
John Shing-wan Leung, également connu sous le nom de Liang Chengyun, "s'est rendu coupable d'espionnage et a été condamné à la réclusion à perpétuité ainsi qu'à la privation à vie de ses droits politiques", a indiqué, lundi, dans un communiqué, le tribunal populaire intermédiaire de Suzhou (est de la Chine).
Ses biens personnels ont également été confisqués à hauteur de 500 000 yuans (66 000 euros) lors de ce procès en première instance qui s'est tenu lundi, vraisemblablement à huis clos, comme c'est généralement le cas dans ce type d'affaires.
Sous le coup de "mesures coercitives" dès 2021
Les autorités de Suzhou en charge de la sécurité d'État avaient pris dès 2021 des "mesures coercitives" à l'encontre de ce citoyen américain, selon le communiqué, une formulation qui fait généralement référence à de la détention.
Le communiqué ne mentionne pas la nature précise des faits reprochés à John Shing-wan Leung, ni quelle était sa profession ou son activité en Chine.
Un porte-parole de l'ambassade des États-Unis à Pékin a indiqué à l'AFP être au courant d'informations selon lesquelles un citoyen américain a été condamné à Suzhou. "Le Département d'État n'a pas de plus grande priorité que la sûreté et la sécurité des citoyens américains à l'étranger", a indiqué l'ambassade. "Pour des raisons de confidentialité, nous n'avons pas d'autres commentaires à faire."
Renforcement de la loi anti-espionnage
Fin avril, le Parlement chinois a adopté des modifications à la loi nationale anti-espionnage, laquelle interdit désormais plus explicitement le transfert hors de Chine de toute information liée à la sécurité nationale et élargit la notion d'espionnage.
Un journaliste chinois connu pour sa liberté de ton, Dong Yuyu, a été formellement accusé d'espionnage fin avril, selon un communiqué publié par sa famille et consulté par le Comité de protection des journalistes (CPJ), basé aux États-Unis. Connu pour les éditoriaux qu'il écrivait pour un quotidien conservateur du Parti communiste au pouvoir en Chine, il avait été arrêté en février 2022 alors qu'il déjeunait à Pékin avec un diplomate japonais.
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Des étrangers sont aussi régulièrement accusés en Chine d'espionnage ou de charges similaires. En février, un Japonais a été condamné à 12 ans de prison pour espionnage, selon l'agence de presse japonaise Kyodo News.
L'écrivain australien d'origine chinoise Yang Jun a, lui, été interpellé en janvier 2019 pour le même motif. Canberra a aussi appelé la semaine dernière à la libération de la journaliste australienne Cheng Lei, en détention depuis plus de 1 000 jours pour "divulgation de secrets d'État à l'étranger". Elle officiait sur la chaîne publique chinoise en anglais, CGTN.
Quelques jours après l'arrestation au Canada, fin 2018, de Meng Wanzhou, alors directrice financière du groupe de télécoms chinois Huawei, la Chine avait également placé en détention deux Canadiens, accusés de faits d'espionnage.
Le consultant Michael Spavor, finalement condamné à 11 ans de prison, ainsi que l'ex-diplomate Michael Kovrig, avaient ensuite été libérés en 2021, quelques heures après la conclusion d'un accord sur la libération de Meng Wanzhou.
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