Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, le Premier ministre burkinabè, s'est exprimé ce mardi 30 mai devant l'Assemblée législative de transition. Il a présenté son discours sur « la situation de la nation ». Un discours très marqué par la question sécuritaire et le besoin d'une nouvelle Constitution a été évoqué.
Pour Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, la refondation de la société burkinabè commence par doter le pays « d'une Constitution qui soit le reflet des aspirations de la population » : « Nul ne peut réellement s'émanciper à partir des valeurs et des références d'autrui. Le mimétisme constitutionnel a pour corollaire non seulement le déficit démocratique, mais aussi le mimétisme de gouvernance qui entraîne un dysfonctionnement entre le peuple et son administration. Le tout constituant un incubateur de troubles sociaux. »
Pour modifier le texte, le Premier ministre entend s'appuyer sur des Comités de veille et de développement (Coved). Créés en avril, par décret présidentiel, ces organisations civiles et apolitiques doivent remplacer les conseils villageois. Ils seront les premiers à se pencher sur la Constitution : « Les Coved seront des instruments d'organisation et d'encadrement des populations qui se prendront ainsi en charge à la base. Les Coved contribueront à l'élaboration d'un avant-projet de Constitution. Le Burkina de demain sera-t-il une monarchie, si oui, laquelle ? Sera-t-il une république, si oui sous quelle forme ? Ce sera au peuple d'en décider. »
Une fois la refondation de la nation lancée, le Premier ministre entend s'atteler à la réconciliation nationale. Un comité ministériel planche déjà sur le financement d'indemnités pour les victimes de violences politiques.
«On ne peut pas faire des élections sans la sécurité»
Le Premier ministre du Burkina Faso a aussi affirmé mardi qu'il ne pourrait y avoir d'élections « sans sécurité », alors que deux nouvelles attaques terroristes ont tué le week-end dernier une quarantaine de personnes. « On ne peut pas faire des élections sans la sécurité. Si vous avez une baguette magique qui peut nous assurer la sécurité le plus tôt possible, on organise les élections ».
Le Premier ministre burkinabè a rappelé que le Burkina Faso refuse de négocier avec des terroristes. Il revendique des succès militaires, un recul des groupes armés qui a permis selon lui à plus de 120 000 déplacés internes de rentrer dans leurs villages.
Une reconquête, selon le Premier ministre qui aurait pu aller plus vite, si le Burkina n'avait pas été abandonné par ses anciens partenaires, notamment sur la question de la fourniture d'armes :
« Des partenaires qui pourtant font des affaires au Burkina Faso ont refusé de nous vendre des armes. Pire, certains partenaires ont même dissuadé d'autres de le faire. Sous d'autres cieux, ces mêmes partenaires qui nous ont tourné le dos, ont du jour au lendemain, convoyé des quantités considérables d'armes pour voler au secours de certains pays. Cela nous a conduits au renforcement de nos relations avec la Russie, la Chine, la Turquie, l'Iran, la Corée du Nord et le Venezuela [...]. Actuellement, grâce à l'entregent du président Traoré, chaque soldat peut avoir son arme et ses munitions. Nous avons pu, avec nos nouveaux partenariats, acquérir en toute transparence des armes performantes 5 à 10 fois moins cher. »
Jeune afrique
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