La question de la sécurité à Touba, notamment après des tensions liées à un concert annulé, a fait l’objet d’échanges vifs lors de la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko devant l’Assemblée nationale. Le député Cheikh Thioro Mbacké, notable chef religieux, a exprimé de vives inquiétudes quant à la sécurité dans la cité religieuse, appelant l'État à prendre ses responsabilités face aux tensions croissantes entre les forces locales et la jeunesse de Touba.
Des tensions à Touba : un climat de violence à éviter
Le climat de tension à Touba est exacerbé par des incidents récents, dont l'annulation du concert du chanteur Waly Seck. Alors que les Baayfaal, groupes religieux investis de missions de sécurité, se sont montrés déterminés à empêcher tout rassemblement non autorisé, une frange de la jeunesse de Touba, refusant d’accepter l’annulation, s’est mobilisée pour tenter de rejoindre le stade Iba Guèye de Mbacké. Cette situation, caractérisée par une confrontation potentielle entre groupes de jeunes et Baayfaal, a alimenté des inquiétudes sur la possibilité de violences.
L'honorable député Cheikh Thioro Mbacké, dans son intervention, a appelé l'État à assurer une sécurité réelle et effective dans la ville sainte, soulignant que des civils ne doivent pas être chargés de maintenir l'ordre au risque de dérapages violents. « Un civil ne peut clairement pas corriger un autre civil », a-t-il insisté, appelant ainsi l'État à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter une escalade de la violence.
Une réponse ferme et catégorique de l'État
Répondant sans détour à ces préoccupations, le Premier ministre Ousmane Sonko a affirmé que l'État ne restera pas « les bras croisés » face à la situation à Touba. « Dans un pays, la responsabilité de l'État est d'assurer la sécurité de tous les citoyens. L'État n’a pas le droit de rester inactif jusqu'à ce que des civils, réunis en groupes armés de gourdins et de machettes, se fassent justice eux-mêmes ou se blessent mutuellement », a-t-il martelé devant les députés.
Il a précisé que la mission de garantir la sécurité incombe aux forces de l'ordre, notamment la police et la gendarmerie, qui sont chargées de maintenir l'ordre public et de sanctionner ceux qui enfreignent la loi. Selon Sonko, la justice est également là pour garantir l'égalité de tous devant la loi : « Il y a la police et la gendarmerie pour corriger toute personne qui outrepasse les prescriptions. La justice est là et tous les Sénégalais sont égaux devant elle », a-t-il affirmé.
Une démarche inclusive pour éviter de nouvelles tensions
Cependant, tout en soulignant la fermeté de l'État, Ousmane Sonko a également évoqué une approche plus inclusive pour éviter de nouvelles confrontations. « Nous irons voir ceux avec qui il nous faudra échanger afin d’éviter que de pareilles situations se produisent », a-t-il ajouté, soulignant la volonté de dialoguer et de trouver des solutions pacifiques pour prévenir l’escalade de tensions à Touba.
La réponse de Sonko marque la position de l'État face aux tensions de plus en plus présentes à Touba, où l’équilibre entre la sécurité publique, le respect des traditions religieuses et les aspirations de la jeunesse locale semble de plus en plus difficile à maintenir. Alors que l'État met en avant sa volonté de garantir la sécurité, la question de l’implication des acteurs religieux et communautaires dans la gestion de la cité soulève un débat sur la manière d’assurer une cohabitation pacifique et une gestion concertée des questions de sécurité.
Un enjeu pour la stabilité de la ville sainte
Touba, étant l’un des centres religieux les plus importants du Sénégal, fait face à un défi délicat : comment concilier respect des traditions et maintien de l'ordre dans un contexte où les autorités religieuses et les forces de l'ordre jouent des rôles complémentaires mais parfois conflictuels. La position ferme du Premier ministre quant à la préservation de l'ordre public tout en ouvrant la porte au dialogue semble indiquer la volonté de l'État de gérer cette situation complexe avec une approche équilibrée, mais résolue.
Les prochaines semaines seront cruciales pour voir si cette démarche inclusive pourra effectivement apaiser les tensions et garantir une sécurité pérenne pour les habitants de Touba, sans que les conflits internes ne viennent troubler la quiétude de la cité religieuse.
baoltimesnews : Thales Ndiaye