Au Togo, le gouvernement a décrété, ce lundi 13 juin 2022, l'état d'urgence sécuritaire dans la région des Savanes. Une zone du nord du pays, qui a connu deux attaques ces derniers mois. La dernière dans la nuit du 10 au 11 mai a tué huit soldats togolais et été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).
« L'État a besoin d'agir, et d'agir vite et efficacement », a déclaré le porte-parole du gouvernement Akodah Ayewouadan. Cette mesure est prise pour trois mois, et peut être prorogée après autorisation de l'Assemblée nationale.
Le Togo veut se doter de moyens juridiques et administratifs nécessaires pour lutter contre ces assaillants, ajoute le porte-parole du gouvernement : « L’état d’urgence sécuritaire vise notamment à doter les forces de défense de moyens supplémentaires en termes d’agilité et de capacité opérationnelle afin que ces forces de défense et de sécurité puissent assumer de façon beaucoup plus efficace leur rôle dans la région. L’état d’urgence sécuritaire vise également à donner des moyens à l’administration publique pour que cette administration publique puisse fonctionner. Et vous n’êtes pas sans savoir que le gouvernement togolais a mis en place un plan d’urgence pour cette région. Et pour que ce plan d’urgence puisse atteindre des objectifs qui ont été fixés, il nous faut avoir de la souplesse au plan juridique, au plan administratif et au plan opérationnel pour pouvoir atteindre les objectifs fixés par ce plan d’urgence. L’état d’urgence sécuritaire aujourd’hui est un outil que le gouvernement va utiliser pour pouvoir atteindre ces objectifs. »
Les craintes de la société civile
Le syndicaliste Frédéric Sanwogou, coordonnateur régional de TogoDebout dans la région des Savanes, estime que l'état d'urgence est justifié, mais il s'interroge sur sa mise en œuvre. « Dans un premier temps, les populations ne savent pas ce que c’est que l’état d’urgence. Qu’est-ce que l’autorité peut faire ? Qu’est-ce que le citoyen doit faire ? Quelles seront les dispositions rapides qu’ils doivent prendre pour faciliter la tâche aux forces de l’ordre ? Je ne sais pas si ce travail a été fait du côté des forces de l‘ordre pour éviter qu’il y ait quelques bavures. Nous, au niveau de la société civile, c’est ce que nous craignons le plus, que des gens profitent de cette situation d’état d’urgence pour régler des comptes. »
D'après RFI, la région des Savanes au nord du pays, frontalière du Burkina Faso, du Bénin et du Ghana, a fait l'objet par deux fois déjà, d'attaques d'individus armés faisant huit morts au sein des forces de défense et de sécurité. Il y a quelques jours encore, les services de renseignements ghanéens ont signalé des mouvements d'individus armés dans la zone située entre le Ghana et le Togo.
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