En Égypte, le tribunal administratif a rejeté la demande d'interdiction de TikTok accusé de véhiculer « stupre, nudité et violence ». Plusieurs jeunes femmes avaient été condamnées à de la peine de prison pour « atteinte aux valeurs familiales » en dansant sur TikTok.
La demande d’interdiction de l’application de partage vidéo avait été faite par des avocats conservateurs au nom de « la défense des valeurs morales et religieuses de la société égyptienne ». Pourquoi TikTok ? Car l’application s’est fait une réputation sulfureuse.
En deux ans, une bonne douzaine de jeunes femmes ont été poursuivies pour « atteinte aux valeurs familiales ». Un décolleté, un ventre à l’air, un short ou une danse lascive suffisent pour provoquer l’ire des conservateurs de tous bords qui s’empressent de déposer plainte devant le parquet. Plusieurs jeunes Égyptiennes ont écopé de peines de prison ferme et d’autres de lourdes amendes. L’Égypte est pourtant un pays où la danse du ventre est presque instinctive.
Une application très populaire en Égypte
En Égypte, TikTok est l’application la plus célèbre pour faire du partage vidéo sur Internet. Il y a des dizaines d’autres applications similaires, mais Tiktok permet de faire des « séances privées » et de se faire payer par transfert téléphonique immédiat d’argent sur TikTok.
D’ailleurs, d’autres avocats avaient tenté par le passé de faire interdire les sites pornographiques par le tribunal administratif, mais aucune décision contraignante n’a été adoptée. Contrairement à beaucoup de pays arabes, notamment les pays conservateurs du Golfe, l’Égypte ne bloque pas la pornographie sur Internet. Certains considèrent cette « tolérance » comme une soupape de sécurité ou un défouloir.
Des programmes sophistiqués de surveillance
Pour autant, est-ce que cela signifie qu’Internet est totalement libre en Égypte ? La réponse est non. D’abord, Internet est surveillé grâce à des programmes sophistiqués fournis par des sociétés européennes.
Après les robots et les algorithmes, il y a aussi les hommes. Un département spécial est chargé par les autorités de surveiller activement le Net. Leur cible principale: l’activité politique et économique des Frères musulmans classés organisation terroriste par la loi.
Puis il y a aussi « ceux qui diffusent de fausses informations de nature à porter atteinte à la sécurité de la nation », ce qui a entraîné beaucoup de poursuites et de condamnations. Et enfin, il y a les pare-feu sur Internet qui bloquent les Frères musulmans, mais aussi beaucoup de sites considérés comme hostiles au pouvoir. On y trouve des sites d’information et des ONG comme Human Rights Watch ou encore Amnesty International.
RFI
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