Les talibans ont à nouveau différé, samedi 4 septembre, l’annonce de la formation de leur gouvernement, dont la composition pourrait donner le ton des années à venir en Afghanistan, où le nouveau régime reste confronté à une poche de résistance armée dans la vallée du Panchir. Près de trois semaines après le retour au pouvoir du mouvement islamiste des talibans, la fumée blanche se fait toujours attendre à Kaboul : la population reste dans l’expectative, tout comme la communauté internationale.
La situation dans le Panchir, l’un des derniers foyers d’opposition armée au nouveau régime, pourrait expliquer le retard pris pour présenter le nouvel exécutif, initialement pressenti pour être dévoilé vendredi. Bastion historiquement opposé aux talibans, cette vallée, enclavée et difficile d’accès, située à environ 80 kilomètres au nord de la capitale, est le théâtre depuis lundi, jour du départ des dernières troupes américaines du pays, de combats entre les forces talibanes et le Front national de résistance (FNR).
A Kaboul, vendredi soir, des rafales ont retenti, tirées pour célébrer une victoire talibane dans le Panchir que des rumeurs, notamment sur les réseaux sociaux, disaient acquise. Mais les talibans n’ont fait aucune annonce officielle, et un habitant du Panchir a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) que ces annonces étaient fausses.
Selon les services d’urgence de la capitale, deux personnes ont été tuées et vingt autres blessées dans ces tirs de joie, ce qui a conduit le porte-parole en chef des talibans, Zabihullah Mujahid, à exhorter sur Twitter ses partisans à arrêter de « tirer en l’air » et à « remercier Dieu à la place ».
« La résistance continue »
Réfugié dans la vallée du Panchir, l’ancien vice-président Amrullah Saleh a évoqué une « situation très difficile » dans un message vidéo diffusé vendredi soir, tout en assurant que la « résistance continu[ait] et continue[rait] ». Selon Ahmad Massoud, qui mène la résistance dans la vallée, les talibans auraient proposé d’attribuer deux sièges au FNR dans le gouvernement qu’ils veulent créer. Et ce « alors que nous demandions un meilleur avenir pour l’Afghanistan. Nous n’avons même pas considéré » leur offre, a ajouté mercredi le fils du commandant Ahmed Chah Massoud, assassiné en 2001 par Al-Qaida, estimant que les talibans avaient « choisi le chemin de la guerre ».
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Depuis leur retour au pouvoir à l’issue d’une offensive militaire éclair qui a pris de court le gouvernement en place et la communauté internationale, les talibans se sont efforcés de montrer un visage modéré et ont multiplié les gestes d’ouverture. Ils ont notamment promis un gouvernement « inclusif » et ont noué des contacts ces dernières semaines avec des personnalités afghanes qui leur sont opposées.
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