La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a décidé de sanctionner les personnalités maliennes impliquées dans le retard de l’organisation des élections programmées pour février 2022.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a imposé, dimanche 7 novembre à Accra, au Ghana, des sanctions individuelles aux membres de la junte au pouvoir au Mali, en raison du retard dans l’organisation des élections, a annoncé un responsable de cette organisation régionale.
« Toutes les autorités de la transition sont concernées par des sanctions qui vont entrer en application immédiatement », a dit à l’Agence France-Presse (AFP) le président de la Commission de la Cedeao, l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou, à l’issue d’un sommet extraordinaire sur la situation au Mali et en Guinée, où des militaires ont également pris le pouvoir.
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Ces sanctions comprennent l’interdiction de voyager et le gel de leurs avoirs financiers, a-t-il détaillé, précisant qu’elles visaient aussi les membres de leur famille. Selon lui, « le Mali a officiellement écrit » au président en exercice de la Cedeao, le Ghanéen Nana Akufo-Addo, pour lui notifier qu’il n’était pas possible que les élections se déroulent à la date prévue.
« La Cedeao a décidé de sanctionner tous ceux et celles qui sont impliqués dans le retard » de l’organisation des élections programmées pour le 27 février 2022 au Mali, a expliqué M. Kassi Brou. Selon le communiqué final, des sanctions supplémentaires vont être étudiées et proposées au cours du prochain sommet, en décembre, « si la situation persiste ».
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Rétablir un pouvoir civil
A l’occasion d’un sommet le 16 septembre à Accra, l’organisation régionale avait exigé des militaires maliens le « respect strict du calendrier de la transition » démocratique. Fin octobre, une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) en visite au Mali avait insisté auprès des autorités sur l’importance de respecter le calendrier électoral censé permettre le rétablissement d’un gouvernement civil.
Après le putsch du 18 août 2020 à Bamako, la Cedeao avait suspendu le Mali de ses rangs et stoppé les échanges financiers et commerciaux avec ce pays, en proie à un cycle de violences djihadistes et intercommunautaires. La Cedeao avait levé ces sanctions après avoir obtenu de la junte la nomination de deux civils, Bah N’Daw et Moctar Ouane, respectivement aux fonctions de président et de premier ministre de transition, ainsi que son engagement à rendre le pouvoir aux civils dans un délai de dix-huit mois maximum.
Mais le colonel Assimi Goïta, le chef de la junte, a opéré en mai dernier un nouveau coup de force en déposant MM. N’Daw et Ouane et en se faisant investir président de la transition. La Cedeao avait alors à nouveau suspendu le Mali de ses organes de décision, mais n’avait pas pris de nouvelles sanctions.
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Le 26 octobre, le Mali avait déclaré persona non grata le représentant spécial de la Cedeao, Hamidou Boly, lui reprochant des « agissements incompatibles avec son statut ». Celui-ci avait quitté le pays le lendemain. Dimanche, les dirigeants de la Cedeao ont « condamné l’expulsion » de M. Boly.
Sanctions maintenues en Guinée
Ils ont également maintenu les sanctions individuelles déjà prises contre les militaires qui se sont emparés du pouvoir le 5 septembre en Guinée et la suspension de ce pays de l’organisation, a dit M. Brou. Les dirigeants des Etats membres de la Cedeao ont réitéré la nécessité d’organiser les élections dans un délai de six mois et insisté sur « l’urgence de libérer » le président déchu Alpha Condé, 83 ans, en résidence surveillée depuis le coup d’Etat.
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Ils ont en outre nommé Mohamed Ibn Chambas envoyé spécial de la Cedeao pour la Guinée, un pays à l’histoire tourmenté, qui a connu pendant des décennies depuis l’indépendance des régimes autoritaires ou dictatoriaux, jusqu’à l’élection de M. Condé en 2010.
Fin octobre, une délégation de la Cedeao à Conakry avait relevé une « dynamique positive » pour « un retour à l’ordre constitutionnel ». « Des progrès ont été réalisés. Il y a des aspects positifs qu’il faut noter », avait estimé Jean-Claude Kassi Brou, qui dirigeait la délégation, citant l’adoption d’une charte de la transition et la mise en place progressive des organes de la transition.
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