Les sanctions infligées au Mali font aussi mal au Sénégal

Create: ven 15/04/2022 - 11:15
Author: admin
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Ciment, fer, sel, viande de mouton : Dakar est dépendant de ses échanges commerciaux avec Bamako dans un contexte de hausse généralisée des prix alimentaires.

Depuis plus de trois mois, Daouda Lo attend sous le soleil, au pied de son camion, sur le parking poids lourds de Kidira, une ville de l’est du Sénégal située à la frontière avec le Mali. Le chauffeur transporte 40 tonnes de ciment, qu’il est censé acheminer jusqu’à son client à Bamako, la capitale malienne. Mais il est bloqué avec son chargement à cause des mesures punitives prises le 9 janvier par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à l’encontre du Mali pour sanctionner la junte au pouvoir. Celles-ci imposent un embargo sur les transactions financières et les échanges commerciaux, à l’exception des hydrocarbures et des denrées de première nécessité comme le riz, le sucre, l’huile ou les produits pharmaceutiques.

Tout le trafic entre les deux pays est ainsi lourdement pénalisé, alors que le Mali est le premier partenaire commercial du Sénégal. Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), au mois de janvier, près de 23 % des exportations sénégalaises étaient destinées au Mali.

Daouda Lo prie pour que l’embargo soit levé au moins quelques jours, afin de pouvoir décharger sa marchandise dans la capitale malienne et rentrer chez lui à Dakar. Car voilà trois mois que le transporteur, âgé de 40 ans, survit tant bien que mal, sans revenus et dans des conditions précaires. Il n’a pas accès à des sanitaires et peine à trouver de quoi manger. « Nous ne pouvons pas rentrer à Dakar car nous sommes les gardiens de ces marchandises, qui sont aussi sous douane et qui ne peuvent donc ni être vendues au Sénégal ni dévier de leur itinéraire inscrit sur la feuille de route », explique au téléphone ce père de famille polygame, qui ne peut plus envoyer d’argent à ses proches. « Ici, je me débrouille comme je peux pour grignoter quelques biscuits que je pars acheter au centre-ville, à plus de 2 km », poursuit-il, confiant son inquiétude de ne plus pouvoir rembourser le crédit qu’il a pris pour acheter son camion.

Le Monde

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