Initiées par la diplomatie française et Jean-Yves Le Drian, les sanctions de l’Union européenne contre le groupe Wagner et plusieurs personnalités liées à son financier présumé, Evgueni Prigojine, relancent le bras de fer entre la France et la Russie. De Bruxelles à Moscou, en passant par Bangui et Bamako, décryptage d’un affrontement.
Inutile de parcourir Saint-Pétersbourg à la recherche de son siège social. Inutile également de chercher un numéro de téléphone ou une adresse mail pour le contacter. Tout aussi inutile, enfin, de vouloir s’adresser à un patron de l’entreprise. Le « groupe Wagner » a accédé ces dernières années au rang de star des discussions diplomatiques internationales entre l’Est et l’Ouest. Mais, officiellement, il n’a aucune existence légale. Pour reprendre les termes de l’Union européenne, qui lui a imposé le 13 décembre des sanctions, le groupe est « une entité militaire privée non constituée en société », en d’autres termes un fantôme juridique aux employés bien réels.
Le Conseil européen – l’organe exécutif de l’UE – a donc adopté des « mesures restrictives » contre Wagner, mais surtout contre « huit personnes et trois entités qui lui sont liées » : Aleksandr Kuznetsov (commandant, blessé en Libye en 2019), Dimitri Outkin (fondateur, ex-officier du renseignement militaire russe), Stanyslas Dychko (mercenaire en Syrie), Valery Zakharov (considéré comme le représentant de Wagner en Centrafrique), Denis Kharitonov (commandant dans le Donbass, en Ukraine), Serge Shcherbakov (combattant dans le Donbass), Andrey Troshev (chef d’état-major en Syrie), Andrey Bogatov (commandant en Syrie), Velada LLC, Mercury LLC et Evro Polis LLC (sociétés pétrolières et gazières opérant en Syrie).
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« Les personnes inscrites sont impliquées dans de graves violations des droits de l’homme, y compris des actes de torture et des exécutions et assassinats extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, ou dans des activités de déstabilisation dans certains des pays où le groupe opère, notamment en Libye, en Syrie, en Ukraine (Donbass) et en République centrafricaine », a expliqué le conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne, citant également une « influence malveillante (…) dans la région du Sahel ». Les personnes et entités inscrites font donc désormais officiellement l’objet d’un gel des avoirs dans l’UE ou encore d’une interdiction de pénétrer sur le territoire de l’Union.
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