Au moins 38 % de la forêt amazonienne pourrait avoir été dégradée par l'activité humaine et la sécheresse, selon deux études scientifiques publiées jeudi. Alors que l'opinion publique s'est surtout concentrée sur sa déforestation, les impacts indirects de la sécheresse, des incendies et de l'exploitation forestière sélective sans déforestation peuvent être bien "plus graves". Une situation urgente que le Brésil vise lors du sommet des pays d'Amazonie.
L'Amazonie est proche "d'un point de basculement irréversible", selon des scientifiques. Deux études publiées dans la revue Science, jeudi 26 janvier, ont pour la première fois estimé les effets de la "dégradation" dans le biome sud-américain. Les dommages infligés par l'activité humaine et la sécheresse sont significativement plus importants que ceux qui avaient été observés auparavant, ont indiqué les chercheurs, issus notamment de l'université brésilienne Universidade Estadual de Campinas (Unicamp).
L'opinion publique s'est surtout concentrée sur la déforestation, qui atteint désormais 17 % de la zone amazonienne originelle. Mais les impacts de ces "dégradations" concernent environ 2,5 millions de km², soit au moins 38 % de l'Amazonie encore préservée.
Selon les études, la forêt – qui recouvre neuf pays – fait face, en quelques décennies, à des changements qui auraient normalement dû s'étaler sur des millions d'années.
"Alors que nous approchons d'un point de basculement irréversible pour l'Amazonie, la communauté mondiale doit agir maintenant", écrivent les auteurs de l'un des articles, adoptant une rhétorique de mise en garde rare dans les rapports scientifiques.
"Passé ce point, d'ici 30 à 50 ans, nous perdrons entre 50 et 70 % de la forêt, qui deviendra un écosystème ouvert, très dégradé avec une immense perte de biodiversité", explique au quotidien O Globo le chercheur brésilien et l'un des auteurs, Carlos Nobre.
Ces "dégradations" issues de l'activité humaine pourraient devenir d'ici 2050 l'une des principales sources d'émission de carbone. Et ce indépendamment de l'augmentation ou de la diminution de la déforestation, poursuit l'étude.
"La zone dégradée en Amazonie et les émissions de carbone en raison de la dégradation sont égales, voire supérieures, à celles dues à la déforestation", a déclaré à BBC News Brésil le responsable de l'étude, David Lapola, chercheur au Centre de recherche météorologique et climatique appliquée à l'agriculture de l'Unicamp et docteur de l'université allemande de Kassel.
france 24
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