Une multitude de petits points colorés parsèment les montagnes. Parfois concentrés, parfois éparpillés, au milieu des villages en ruine et des éboulis détachés des flancs rocheux. Dans le Haut Atlas marocain, les tentes ont fait leur apparition dans le paysage – abris temporaires pour les dizaines de milliers de rescapés du séisme qui a frappé le pays le 8 septembre, causant la mort de près de trois mille personnes et dévastant près de cinquante mille habitations, selon un bilan, encore provisoire, des autorités.
Un abri contre le froid et les intempéries, c’est tout ce que Brahim Zaboun attendait à Azgour, village perché à 1 500 mètres d’altitude, où la vie dans des camps montés à la hâte s’organisait, samedi 16 septembre, parmi les décombres. Le cultivateur de 60 ans et sa famille se sont installés en face de leur maison à la façade effondrée, ils ont posé leurs tentes données par la protection civile dans un jardin au bord de l’oued. Au milieu de ce petit « village » de toile, il y a des bassines, des bonbonnes de gaz, deux gamelles sur un réchaud. Quelques meubles sauvés des débris. Pas d’électricité ni de toilettes. Malgré tout, Brahim a le sourire. Il est vivant, avec ses proches, chez lui, « terre de [ses] ancêtres » qu’il n’entend nullement quitter. « Dieu nous protège, hamdoulilah ! [Dieu soit loué] », répète-t-il comme pour panser son traumatisme.
Immense élan de solidarité
Chez Brahim comme ailleurs, le choc du séisme n’a altéré en rien l’hospitalité légendaire de ces gens de la montagne. Partout où l’on va, on offre au visiteur tout ce qu’il reste à donner : thé à la menthe, fruits du verger, sachets de biscuits récupérés des dons reçus quotidiennement. A l’entrée du village, un camion portant l’étendard de l’ONG britannique Human Relief Foundation stationne. A l’heure de la distribution, les habitants, appelés un à un au mégaphone, s’approchent, certains avec leur âne pour acheminer matelas, couvertures et denrées alimentaires vers les hameaux plus éloignés, auxquels on n’accède que par des sentiers escarpés.
Le Monde FR
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