'' LA REDDITION DES COMPTES N'EST PAS LA CHASSE AUX SORCIÈRES...''

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Mamadou Ciré, professeur de philosophie, écrivain, et membre du Mouvement National des Cadres du PASTEF (MONCAP), estime que la reddition des comptes n'est pas une chasse aux sorcières, mais bien une question de justice . Il développe

Les patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF) est un parti politique reconnu depuis 2014. En effet, sans faire dans l'érudition ou le pédantisme, un rappel historique serait important pour rafraîchir la mémoire à ceux et celles qui seraient pour des raisons ou d'autres enclins.es à oublier comment cette organisation politique, à la tête de laquelle il y a le très charismatique leader, Ousmane Sonko, a fait pour accéder aujourd'hui au pouvoir.

En 2016 déjà, un décret présidentiel de son excellence, Macky Sall mettait fin aux fonctions d'inspecteur principal des Impôts et Domaines, le sieur Ousmane Sonko, alors secrétaire général du syndicat des agents du service.

La cause dudit décret funeste était que le susnommé faisait dans la délation nonobstant l'obligation de réserve à laquelle il devait s'astreindre en vue de ne pas divulguer ce qu'ils (les tenants du régime) considéraient comme relevant du secret professionnel.

A l'université où nous nous trouvions à l'époque, nous avons publiquement pris position en faveur de la victime Ousmane Sonko dont le tort était justement d'être animé par un sentiment de rendre compte à ses compatriotes, de contribuer à dessiller les yeux aux sénégalais dont le rang et la position ne leur permettent pas d'avoir accès aux informations stratégiques qui ponctuent le mode de gouvernance de notre peuple.

Cette position publiquement prise fut assumée, car, en notre qualité de fonctionnaire et ayant conscience des conséquences lourdes que notre engagement pouvait susciter, nous avions, par une formule épistolaire, dénoncé ce que nous considérions et continuons de considérer comme une injustice, de l'abus de pouvoir, de l'arbitraire, du despotisme. Ainsi, pour léguer à la postérité cette position courageuse en faveur d'un homme mu par la justice, la loyauté, le patriotisme, le désintéressement, en l'occurrence Ousmane Sonko, les bonnes feuilles de ce feuilleton polico-judiciaire sont consultables dans mon livre intitulé PERLES DE LA MÉMOIRE, publié aux éditions, NUIT et JOUR, paru en décembre 2022.

De mars 2021 à février 2024, le PASTEF et ses leaders, militants et sympathisants, ont subi des sévices indescriptibles de la part des autorités étatiques. Ils ont été, les uns , poursuivis, pourchassés et traqués, les autres, exilés ou expatriés. Certains même, à cause de leur ferme détermination et leur conviction sur l'aboutissement du PROJET, furent emprisonnés ou radiés.

Le parti, PASTEF, sous la conspiration d'agents de l'administration de certains journalistes manipulés ou instrumentalisés, de certains hommes et femmes du verbes, a été dissout suivant des procédures qui violent les règles et principes de dissolution d'un parti politique légalement constitué.

Dans cette victoire de la démocratie et de l'État de droit, nous n'oublions pas les juges d'instance de Ziguinchor et de Dakar, en l'occurrence respectivement Sabassy Faye et Thione qui ont fait preuve d'indépendance, de justice et de liberté. Le journaliste d'investigation Pape Alé Niang, les chroniqueurs Cheikh Bara Ndiaye, Dame Mbodj et Serigne Saliou Gueye aussi ont droit au respect et à l'estime du peuple sénégalais grâce à leur engagement et leur détermination constants.

A cette période, les mots contumace, juge 8 ème cabinet, tribal d'instance, recours, cour suprême, notification, signification, contumax, retour de parquet, procureur, juge, avocat, Adji Sarr, Mame Mbaye Niang, diffamation, cocktail Molotov, forces spéciales, forces occultes, terroristes, nervis, rendaient assourdissant le landerneau politico judiciaire de notre pays.

ll serait vain et même décevant si toutefois le vœu pieux auquel ont adhéré les sénégalais n'était pas satisfait. Il s'agit ni plus ni moins que de la nécessité de rendre compte. Oui, sans faire dans les représailles ou dans la vengeance, il nous faut illico presto que nos nouvelles autorités fassent de la reddition des comptes une urgence de première heure. c'est la seule chose qui pourrait légitimer ce sacrifice populaire.

Le peuple demande et même exige expressément que tous ceux qui ont eu à occuper de hautes fonctions et à gérer nos derniers publics répondent de leurs actes. La manière dont nos ressources ont été gérées doit être rendue publique.

Nous, mandants du pouvoir souverain, sommes les citoyens à qui il revient les prérogatives d'être édifiés sur la gestion des affaires de notre pays. C'est à nous, le peuple souverain, exprimant la volonté générale, d'exercer notre plus légitime droit d'exiger de nos mandants des comptes.

Cela servira de pacte référentiel de gouvernance et même de pratiques jurisprudentielles pour les générations futures.Il ne s'agit pas d'alimenter un sentiment de vengeance ou de haine contre qui que ce soit, il s'agit juste de se conformer aux principes de justice, d'équité et de responsabilité qui sont à la base de toute organisation sociale ou politique.

Rappelons que beaucoup d'hommes et de femmes intègres, épris de paix et de justice ont aujourd'hui adhéré au projet collectif et souverain non pas parce qu'ils admirent ses leaders tels que Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Diakhar Faye ou Abass Fall, Matar Sène ou Ousseynou Ly, Bakary Sarr ou Daouda Ngom, Macina ou Serigne Gueye, etc mais parce qu'ils ont été déçus de la manière dont l'ancien régime a dilapidé nos ressources foncières, énergétiques, gazinières... périclité notre économie déjà exsangue et défiguré par des pratiques claniques et népotiques le tissu social qui, depuis Senghor était envié de l'Afrique et du monde entier par sa cohésion, sa stabilité et sa paix qui reposent sur de solides piliers.

Ce sont ces maux qui fendent le cœur des sénégalais et qui justifient l'adhésion massive au PASTEF qu'ils croient être un parti de justice, de vérité, de paix et de fraternité. Dès lors, si les nouvelles autorités renoncent aux promesses qu'elles avaient faites au peuple allant dans le sens de la reddition des comptes pour quelques raisons que ce soit, elles auront trahi toute une génération.

Alertons qu'il ne s'agira pas de jonglerie politique ni de nomadisme militant, ce qui est plus connu chez nous sous le vulgaire terme de transhumance. Nous ne voulons pas dire par-là que le parti ne recevra pas de nouvelles adhésions. Non, loin s'en faut. Mais à toute chose son temps. Il ne s'agit pas d'ostracisme, à l'image des cités grecques qui bannissaient d'autres pour une décennie, ou l'enfermement, nous voulons juste inviter à attendre, à patienter, le temps que la justice fasse son travail en blanchissant ou en condamnant ceux et celles qui avaient été détenteurs ou détentrices de pouvoirs ou gestionnaires de ressources.

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