Syrie: le groupe EI intensifie ses attaques dans un vaste territoire dans le centre et l'est du pays
Gaza n’est pas le seul front en activité au Proche-Orient. En Syrie, presque pas un jour ne passe sans que le groupe État islamique mène des attaques dans la région désertique du centre et de l’est de ce pays en guerre depuis 2011. Ces dernières 24 heures, l’organisation extrémiste a lancé un assaut contre une position de l’armée gouvernementale dans la province de Raqqa et un autre à l’est de la ville de Deir Ezzor, contre un camion-citerne appartenant aux Forces démocratiques syriennes, les FDS, soutenues par les États-Unis et dominées par les Kurdes. Et ce 3 mai, 15 combattants pro-régime ont été tués par des jihadistes.
Les activités du groupe État islamique ont connu une nette recrudescence depuis le début de l’année dans les régions sous contrôle du gouvernement syrien, dans le centre de la Syrie. Pour un mouvement que l’on disait moribond et décapité depuis le démantèlement du califat auto-proclamé, en mars 2020, le groupe État islamique donne l’impression d’être bien vivant et assez organisé.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme parle de 120 attaques ayant visé l’armée syrienne et ses supplétifs depuis début 2024. Les sources proches de Damas évoquent, elles, une centaine d’opérations.
Le groupe est actif dans un triangle désertique allant des provinces de Homs et Hama, dans le centre, à Deir Ezzor à l’est, en passant par Raqqa au nord, avec des poussées vers Soueida, au sud, un territoire de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés, situé à l’ouest de l’Euphrate.
Le groupe extrémiste a tué dans cette région, depuis début janvier, 350 personnes, dont 37 civils et 285 soldats syriens ou miliciens supplétifs. L’attaque la plus spectaculaire a visé, le 22 avril, un bus transportant des combattants palestiniens pro-gouvernementaux. Bilan : 22 morts.
Peu de pertes au sein de l'EI
Le regain d’activité du groupe État islamique n’épargne pas non plus les FDS à dominance kurde. Les Forces démocratiques syriennes ont été la cible d’au moins 100 opérations attribuées aux jihadistes, à l’est de l’Euphrate. Ces attaques ont fait, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, 53 morts, dont 40 combattants des FDS et une dizaine de civils.
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Dans les actions menées aussi bien contre l’armée gouvernementale que contre les Kurdes, le groupe État islamique n’a perdu qu’une poignée de combattants.
L’intensification des actions du groupe extrémiste dans un territoire aussi vaste laisse penser qu’il dispose encore d’importants moyens et d’une forte capacité de mouvement. Des experts estiment que le groupe État islamique compte plusieurs milliers de combattants dans le désert central de Syrie.
Il semble disposer aussi de complicités au sein de tribus arabes basées dans le désert de la Badia, qui lui fournissent renseignements, effectifs et refuges. Les jihadistes ont stocké armes, vivres et munitions dans des régions difficiles d’accès en prévision d’une longue guérilla.
L’intensification de l’activité du groupe État islamique ces derniers mois montre que les centaines de raids menés par l’aviation russe et les offensives au sol lancées par l’armée syrienne et les FDS n’ont pas sérieusement entamé ses moyens.
rfi
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