La Cour suprême de Russie a banni jeudi le mouvement LGBT+ pour "extrémisme". Les homosexuels et ceux qui défendent leurs droits sont désormais exposés à des poursuites judiciaires et à des peines de prison. Pour Vladimir Poutine, la communauté LGBT+, que le président russe dépeint comme un ennemi intérieur, symbolise les "valeurs décadentes" de l'Occident qui chercherait à détruire la nation russe. Entretien avec Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue et ethnologue.
Le couperet est tombé jeudi 30 novembre. La Cour suprême russe est allée jusqu'à bannir pour "extrémisme" le "mouvement international LGBT+". C'est le dernier épisode de la guerre que mène le régime de Vladimir Poutine aux personnes LGBT+, au nom de la préservation des valeurs traditionnelles familiales et avec le soutien de l'Église orthodoxe. Le président russe les dépeint en ennemis intérieurs, cheval de Troie des Occidentaux qui menaceraient la Russie, selon la propagande de Moscou. En droite ligne de ses idées, Vladimir Poutine a ainsi enfoncé le clou lors de son discours sur l’état de l’Union le 21 février dernier, assénant qu'en Occident, en pleine "dégénérescence" selon lui, "les textes sacrés sont remis en question" (...) Et les prêtres sont obligés de bénir les mariages entre homosexuels".
Cette décision de la Cour suprême russe vient s'ajouter à l'arsenal législatif déjà en place pour réprimer l'homosexualité en Russie. Depuis 2013, une loi bannit la "propagande" de "relations sexuelles non-traditionnelles" auprès des mineurs. Élargie, celle-ci interdit depuis l'année dernière la "propagande" LGBT+ dans le pays. Selon Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue et ethnologue, spécialiste de la violence en temps de guerre, le régime prend un tournant totalitaire dans un pays où, en outre, l'imagerie traditionnelle patriarcale est obsédée par les manifestations des libertés de genre et de sexualités.
France 24
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