Élections au Sénégal : L’opposition et les accusations de « fraude », de l’an 2000 à nos jours.

Create: mer 25/08/2021 - 16:41
Author: admin
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Plus récemment, Taxawu Dakar n’a pas attendu longtemps avant de faire un coup d’éclat en pleine révision et inscription sur les listes électorales. À Dieuppeul-Derklé-Castors, le maire sortant a accusé, dans la journée du 12 août dernier, les « apéristes » de la Commune d’essayer de « voler » les locales, prévues le 23 janvier 2022.

Cheikh Guèye a porté ces accusations contre le camp du Directeur général du Port Autonome de Dakar, Aboubacar Sadikh Bèye, son principal challenger. Et, les deux candidats à la mairie semblent vouloir clore cette affaire sans aller plus loin et cela fait très mauvaise impression. C’est devenu une « fâcheuse » habitude.

Aux Parcelles Assainies, le parti Pastef a accusé le régime en place de « procéder à des fraudes, des transferts d’électeurs et des blocages dans les inscriptions sur les listes électorales », sous la « complicité » des autorités administratives, qui considèrent qu' « il n'y a pas de polémique à créer ou à entretenir ».

Municipales de 2022, « blocages et fraudes » relevés par l'opposition dans les commissions d’inscription sur les listes électorales

Par ailleurs, les partisans de Ousmane Sonko ont constaté des « blocages et fraudes » dans les commissions administratives d’inscription sur les listes électorales à Fann-Point E-Amitié. Des « cas patents de fraude » et de « transfert d’électeurs » seraient notés également dans la Commune. Le leader de Pastef du Plateau a eu les mêmes remarques pour le maire socialiste de cette commune, Alioune Ndoye.

Comme d'habitude, la coalition présidentielle a porté la réplique. Pour Benno bokk yaakaar (Bby) de Dakar, les adversaires du régime de Macky Sall ont senti « les prémices d’une défaite certaine » le 23 janvier prochain. L’opposition accuse le pouvoir, qui se défend. On a l'impression d'avoir déjà vécu une telle scène politique.

Par le passé, l’opposition sénégalaise a régulièrement affirmé que les élections dans lesquelles elle était engagée étaient « truquées ». Et ce, surtout lorsqu’elle s’est retrouvée en mauvaise posture dans les sondages, en pleine campagne électorale de l’élection présidentielle de février 2019.

La présidentielle de 2012 et les 39 recommandations formulées par la coalition « Idy 2019 »

« Sonko Président », « Pur », « Madické 2019 » et « Idy 2019 » ont d'abord semé le doute sur la fiabilité du fichier électoral. Lesquelles coalitions ont répandu la rumeur que le fichier n’enregistrait que les électeurs en faveur du candidat sortant. Les opposants n’ont pas voulu laisser l'élection « volée » par ce qu'ils décrivent comme une « fraude électorale massive ».

De son côté, le régime a répliqué en demandant « à tout le monde de rester calme ». « Le processus fonctionne, le décompte s'achève et nous saurons très bientôt le vainqueur de la présidentielle », avait déclaré le camp du candidat de Benno Bokk Yakaar (BBY).

N'empêche, l’opposition avait annoncé entamer plusieurs poursuites judiciaires contre le régime de Macky Sall. Mais, elle n'est jamais allée au bout de sa logique. On aura noté que plusieurs incidents ou simples rumeurs ont émaillé le décompte de l'élection présidentielle. Ce qui n’a pas empêché le président en exercice d’avoir une réélection dès le premier tour.

Malgré tout, 39 recommandations ont été formulées par la coalition « Idy 2019 » à travers un document intitulé « Rapport public sur l’élection présidentielle du 24 février 2019 ». Des « innombrables irrégularités », qui ont affecté la sincérité du scrutin, ont été relevées dans les 58 pages du rapport publié par Idrissa Seck et ses alliés.

Les accusations de fraude n’en finissent pas d’alimenter le débat politique. L’opposition, à l’offensive, avait accusé le clan présidentiel d’avoir voulu étouffer des inscriptions sur le fichier électoral, en vue des Législatives du 30 juillet 2017.

Aux Législatives de 2017, l'opposition et les « anomalies graves » pouvant conduire à la fraude électorale

En pleine campagne, le Front « Manko wattu senegaal » avait livré une enquête sur la situation des inscriptions sur le fichier électoral. Ce regroupement de partis de l’opposition avait signalé des « anomalies graves » pouvant conduire à la fraude électorale, notamment au niveau des départements de Podor et de Matam. Sada Ndiaye, président de la commission électorale du front dénonçait « les transferts d’électeurs » en provenance de la Mau­ritanie par le biais des audiences foraines.

Mais, les élections ont été remportées par la coalition menée par le parti du président Macky Sall. Des résultats vivement contestés par le camp de Khalifa Sall, qui était en prison pour détournement de fonds présumé.

La Coalition gagnante/Wattu senegaal qualifie les législatives de 2017 de « mascarade électorale ». Me Abdoulaye Wade et ses alliés avaient même décidé de « ne plus participer à une élection organisée par Macky Sall et son gouvernement ». En conférence de presse le 9 août 2017, le SG national du PDS et ses alliés avaient parlé de « non-élection ».

Le Pds, Aj/Pads, Tekki et autres ont, dans un livre blanc, donné les « preuves » de leurs allégations, estimant que la « fraude » est partie du référendum de 2016 où il a été constaté un taux d’abstention de 70%.

Référendum de 2016, « Oui », il y a eu « fraude »

Il a été dit que le couplage carte d’électeur-carte d’identité est « une idée de fraude ». À cela, les leaders de l'opposition ajoutent les « dysfonctionnements » notés avec le récépissé, les transferts d’électeurs, les retards dans le démarrage du vote dans beaucoup de centres du pays.

Et, la Direction générale des élections (Dge) avait apporté des précisions suite aux accusations de « fraude électorale » formulées par Manko wattu senegaal. Les services de Abdoulaye Daouda Diallo, alors ministre de l'Intérieur, parlaient de « manque de preuves ».

La question du mandat présidentiel de Macky Sall, jusqu’en 2017 ou 2019, avait tellement focalisé l’attention au Sénégal, eu égard aux soupçons de « fraude » en vue du projet de réforme institutionnelle soumis au vote des Sénégalais le 20 mars 2016.

Le « Oui » l’emporte et la guerre des recours repart de plus belle. Pro et anti-Macky se sont déchirés sur fond de polémique autour de l'avis du Conseil constitutionnel. Et, le pouvoir prend le soin de publier des conclusions d'une enquête sur les soupçons de fraude. Au Sénégal, le sentiment du déjà vu ou déjà entendu s’explique politiquement.

Locales 2014 avec 2 700 listes et des vagues d’accusations

Deux ans avant, les noms d’oiseaux ont volé par tribunes interposées, « laissant des traces pour longtemps », aux dires des candidats à la tête des 2 700 listes, qui étaient en compétition, aux élections locales du 29 juin 2014. Les discours de campagne étaient codifiés par rapport aux intérêts du moment. Les principaux leaders de l’opposition avaient accusé la mouvance présidentielle de vouloir « manipuler » les résultats des Locales.

Presque dans toutes les 552 communes du Sénégal, la campagne a été marquée par la montée des tensions. On l’a vu aussi à Rufisque, Thiès, Ziguinchor, Kédougou ou encore à Matam. On avait assisté à des piques et des répliques entre leaders, qui s’accusent mutuellement de « trucage de vote ».

Le duel majeur de ces élections était la bataille de Grand Yoff entre Aminata Touré et Khalifa Sall, qui avait tourné en faveur du second. Deux ans seulement après l'arrivée au pouvoir du président Macky Sall, en 2012.

Présidentielle 2012, cette fois-ci c'est Macky Sall qui accuse Wade

À cinq jours du premier tour de la présidentielle de 2012, beaucoup d’encre a coulé après les rumeurs de fraudes autour du fichier électoral. Sur la Toile, des sénégalais avaient décelé une faille informatique, qui renseignerait sur les « mauvaises intentions du pouvoir en place », selon l'opposition d'alors.

Pour Macky, Wade ne devra son salut, si salut il y a, que grâce à une manipulation des votes. Les adversaires du régime redoutaient un coup de force au cours du scrutin. Ils craignaient des fraudes. Selon eux, le président sortant pille les coffres de l'État pour acheter les électeurs et financer une milice.

« Si Wade gagne, c'est qu'il aura fraudé. Mais nous, les Sénégalais, allons-nous y opposer », disait un responsable de Macky2012. La coalition avait fait appel à une armée d'observateurs nationaux pour renforcer les missions d'observation et défendre son droit de vote. Au-delà des invectives, plusieurs redoutaient un climat de violence. La sortie de Birame Sarr, alors directeur de cabinet du ministère chargé des Élections, n'éteindra pas la polémique.

Le président sortant, Abdoulaye Wade, a été battu par son ancien Premier ministre, Macky Sall, malgré des vagues d’accusations de fraude. Le Pape du « Sopi », candidat controversé à sa propre succession, a finalement été beau joueur, reconnaissant sa défaite au second tour de l'élection.

En 2009, pouvait-on parler de fraude malgré la percée de l'opposition aux municipales ? La question s’était encore posée après la défaite de Karim Wade, face à la coalition d'opposition «Benno Siggil Senegaal», qui avait gagné à Dakar, sa banlieue et dans des villes comme Saint-Louis, Louga, Fatick, Diourbel ou Mbour (ouest).

Présidentielle de 2000, Wade sollicite l’Armée pour « barrer la voie à la fraude » électorale
La particularité de la présidentielle de 2000 tenait au fait que « leur date était tout aussi importante que leur objet », lit-on par ailleurs. De 1960 jusqu’à son retrait du pouvoir, Léopold Sédar Senghor avait réussi à faire partager à ses compatriotes l’idée selon laquelle « l’an 2000, atu natangé la » (l’an 2000 sera une année faste).

Une élection organisée dans un climat de très forte tension, au moment où la crise ivoirienne avait des échos au Sénégal. Me Abdoulaye Wade, en tant que leader de l’opposition, n’avait pas hésité, durant la campagne, à demander à l’armée de faire respecter la volonté de changement du peuple sénégalais en cas de fraude du pouvoir.

D’autres dirigeants de l’opposition, comme Landing Savané (And Jëf/Pads), avaient demandé à leurs militants de lutter contre le « trucage des élections ». Des candidats de l’opposition formèrent des volontaires pour surveiller le déroulement de l’élection présidentielle.

Le 19 mars 2000, lors du second tour, Abdoulaye Wade, soutenu par la coalition de partis politiques regroupés au sein du Front pour l’alternance (FAL) mis sur pied le 7 mars 2000, mettait fin au long règne du Parti socialiste. Le président Abdou Diouf finira par reconnaître sa défaite et accepter l’alternance...
Dakaractu

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