Témoignage de l'épouse d'un des Casques bleus sénégalais tués au Mali
Les trois Casques bleus sénégalais tués le mardi 21 février 2023, par une bombe artisanale au cours d'une mission de la Minusma, laissent derrière eux des familles éplorées. Dans les colonnes de "L'Observateur", l'épouse de l'une des victimes, Pierre Tama Boubane, raconte son mal-vivre marqué avec par la naissance de leur fils né, il y a deux semaines.
"Je suis Toussainte Tacky Boubane, âgée de 30 ans et coiffeuse. Je suis l'épouse de Pierre Tama Boubane. Nous nous sommes connus à Kédougou, avant de nous marier en 2020. C'est en 2010 qu'il a intégré l'armée avant d'être affecté à la Marine nationale. Il est parti au Mali au mois de septembre dernier, après ses congés qu'il a passés avec moi. Auparavant, il venait à chaque fois qu'il avait une permission. J'ai accouché, il y a juste deux semaines et il avait promis, une fois à Tamba, après la fin de leur mission au Mali de baptiser notre fils. Il m'avait même promis qu'il ferait un grand baptême. Il n'a vu son fils que sur WhatsApp, puisqu'on s'appelait tous les jours, sauf le jour des faits. Comme si j'avais senti la nouvelle au même titre que son fils qui s'était mis à pleurer toute la journée du 21 février. Ce qui ne lui était jamais arrivé".
Poursuivant, Mme Boubane informe : "À un moment donné, j'ai senti qu'il y avait quelque chose, jusqu'à ce que son oncle m'annonce la triste nouvelle. Je me suis réveillée à l'hôpital. Mon mari représentait tout pour moi. Il était mon confident. Il y avait une grande complicité entre nous. Il était généreux et toujours souriant. Il a tout fait pour moi et son enfant qu'il n'a jamais vu d'ailleurs. Il m'arrivait de me connecter sur WhatsApp pour lui montrer l'enfant. Je prie pour le repos de son âme. Il était un brillant élève. Malheureusement, il a abandonné les études au moyen secondaire pour intégrer l'armée. Il ne pouvait pas rester une journée sans m'appeler. Sa famille et moi avons perdu un grand homme qui avait de grands projets. J'appelle les autorités, plus particulièrement le ministre des Forces armées, à penser à mon fils qui n'a jamais vu son père qui est mort au champ de bataille, les armes à la main. Pour l'heure, nous attendons la réaction des autorités pour le rapatriement de sa dépouille".
seneweb
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