Procéder à des nominations dans une Haute Juridiction comme la Cour suprême à la veille de la fin du mandat du PR est le sommet du manque d'élégance républicaine.
La mesure est inopportune pour un président en partance, de surcroît pour des postes extrêmement importants. La remarque vaut également pour le décret n°2024-736 du 18 mars 2024, portant nomination aux honorables fonctions de membre du CESE. Au crépuscule de son régne, le PR sortant continue donc d’exercer la plénitude de ses fonctions de nomination aux emplois civils et militaires.
Au demeurant, ces decrets de nomination, postérieurs à la publication des résultats du scrutin de l'élection présidentielle du 24 mars 2024 par la CENA, flirtent avec le manque de base légale. A quelques heures du terme de son mandat fixé au 02 avril 2024, son successeur étant connu, MS devrait n'expedier que les affaires courantes. La gestion des affaires courantes n'est-elle pas, selon le Professeur de droit Francis Delperée, le fait, pour une autorité dans l'attente de son remplacement, d'exercer le pouvoir de Façon Réduite, avec des compétences limitées. C'est les affaires banales, en cours ou urgentes sans pour autant engager durablement la ligne politique du futur détenteur de Pouvoir?
Mais personne ne s'y trompe : les manœuvres de MS sont cousues de fil blanc.
Leur objectif est double.
D'une part, jalonner d'obstacles la gouvernance de BDDF en installant des hommes acquis à sa cause dans les plus hautes sphères de l'administration judiciaire (cour suprême, pôle financier, parquet de Pikine et les occupants déjà des postes des parquets de Dakar, (Pg et PR), pdt Cour d'appel et pdt Tgi, Doyen des juges et OFNAC). D'autre part, il chercherait vainement à assurer ses arrières et ceux de son camp. C'est peine perdue ! Ils rendront tous gorge!
En vérité MS est dans le déni : il n'a pas encore fait le deuil du pouvoir. Son réveil sera très brutal !
Fort heureusement le Président BDDF dispose de puissants leviers pour contrer les effets pervers de toutes ces nominations de la dernière minute, dont le Prince déchu s'empiffre, tel le dernier repas d'un condamné. Et cela MS est mieux placé que n'importe lequel des citoyens pour le comprendre. Oh ! Que dis-je ? après le 2 avril 2024, il ne sera plus le couteau le plus aiguisé du tiroir. Et il faudra replacer l'église au milieu du village.
Au final le constat est désolant : le 1er discours de décrispation du Président élu, la visite de courtoisie du binôme BDDF / Oscar Sierra au palais de la République contrastent avec ces actes tous azimuts posés par le Président sortant.
Matar SENE, membre du bureau politique national et coordonnateur communal de PASTEF Diourbel.
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