Le syndicat américain des ouvriers de l'automobile a lancé, dans la nuit de jeudi à vendredi, une grève simultanée dans trois usines majeures, qui emploient au total quelque 12 700 salariés. Il s'agit du mouvement social le plus important aux États-Unis depuis des décennies.
C'est le début d'une grève massive dans le secteur automobile aux États-Unis. Le syndicat des employés des trois grands constructeurs automobiles américains a annoncé le démarrage d'une grève dans trois usines à partir de minuit, jeudi 14 septembre (04 H GMT vendredi), faute d'un accord trouvé avec ces entreprises pour les nouvelles conventions collectives.
"La grève débute dans les trois usines désignées" a annoncé l'United Auto Workers (UAW), qui avait annoncé un peu plus tôt avoir choisi trois usines, une de chacun du "Big Three", les trois groupes General Motors, Stellantis et Ford, pour lancer ce mouvement, enjoignant les membres du syndicat des autres sites à se tenir prêt en fonction de l'évolution des négociations.
"Nous avons informé les entreprises, depuis le début, que le 14 septembre (à minuit) était une date butoir, pas un jalon", a déclaré mercredi Shawn Fain, président de l'UAW.
"Nous ne laisserons pas le 'Big Three' continuer à faire traîner les discussions pendant des mois", a-t-il martelé.
"Une issue très très triste"
Mais Jim Farley, patron de Ford, a indiqué en fin d'après-midi n'avoir toujours pas eu de retour de la contre-offre présentée au syndicat il y a plus de deux jours.
"Je ne sais pas ce que fait Shawn Fain mais il ne négocie pas ce contrat avec nous, alors qu'il va expirer. Mais je sais qu'il est occupé à préparer une grève", a commenté Jim Farley sur la chaîne CNBC.
Il veut "faire une grève historique dans les trois groupes mais nous voulons écrire l'histoire avec un accord historique", a-t-il lancé.
Le président de General Motors, Mark Reuss, a estimé peu avant lui sur la même chaîne qu'une grève constituerait "une issue très très triste" avec des conséquences importantes.
"Pour une personne dans nos usines qui ne travaille pas, ce sont six autres dans la communauté qui ne travaillent pas", a-t-il affirmé.
Une hausse des salaires jugée insuffisante
Un porte-parole de General Motors avait indiqué, jeudi à la mi-journée, qu'une nouvelle offre avait été adressée à l'UAW dans la matinée.
Contacté par l'AFP, Stellantis n'a pas immédiatement répondu. Mercredi soir, l'entreprise affirmait vouloir "discuter de bonne foi pour parvenir à un projet d'accord" avant l'échéance.
L'UAW réclame un relèvement des salaires de 36 % sur quatre ans, alors que les trois constructeurs américains n'ont pas été plus loin que 20 % (Ford), selon le leader syndical.
Les trois géants historiques de Detroit ont notamment refusé d'accorder des jours de congés supplémentaires et d'augmenter les retraites, assurées par des caisses propres à chaque entreprise.
Le syndicat représente quelque 146 000 employés du trio aux États-Unis.
Pour Shawn Fain, le mouvement constitue un tournant, qu'il compare aux années 1930, notamment la grève de 1936-1937 chez General Motors à Flint (Michigan), véritable acte de naissance de l'UAW, créée en 1935.
Le cabinet de conseil Anderson Economic Group (AEG) estime qu'une grève de dix jours pourrait représenter plus de cinq milliards de dollars de perte de revenus pour l'économie américaine.
Un secteur clé de l'économie américaine
Et un conflit social prolongé pourrait avoir des conséquences politiques pour le président Joe Biden, dont le bilan économique est critiqué, en particulier du fait de l'inflation tenace installée aux États-Unis.
À un peu plus d'un an du scrutin présidentiel, le chef de l'État marche sur des œufs, entre son soutien affiché aux syndicats et le spectre d'un coup porté à l'économie américaine par une grève.
Il a parlé par téléphone, jeudi soir, avec Shawn Fain et avec les dirigeants des constructeurs pour faire le point sur les négociations.
Mi-août, il avait plaidé pour un accord "gagnant-gagnant" et "équitable" renforçant les droits des travailleurs pendant la transition vers les véhicules électriques.
"Consommateurs et concessionnaires sont, en général, relativement protégés des effets d'une grève courte", a expliqué le vice-président du cabinet AEG, Tyler Theile.
Mais avec des stocks représentant un cinquième de ceux que possédait l'industrie en 2019, lors de la dernière grève chez GM, ils "pourraient être touchés beaucoup plus rapidement" qu'il y a quatre ans, selon lui.
"On arrive au quatrième trimestre, période durant laquelle on voit le plus de ventes de pick-ups et de gros SUV, qui sont très rentables pour ces trois constructeurs", rappelle Jessica Caldwell, du site spécialisé Edmunds.com.
"S'ils n'en ont pas suffisamment en stock, ils vont manquer des ventes", ajoute-t-elle.
À la clôture de Wall Street, les titres Stellantis (-0,58 %) et Ford (-0,16 %) baissaient et celui de GM était stable.
Avec Reuters et AFP
France 24
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