Face à Ben Salmane, Macron doit "tout faire" pour empêcher l'exécution de sept jeunes Saoudiens (Amnesty)
Le président français Emmanuel Macron doit "tout faire" pour empêcher l'exécution de sept jeunes Saoudiens lors de son tête-à-tête vendredi avec le prince Mohammed ben Salmane, estime la secrétaire générale d'Amnesty International Agnès Callamard, à qui cette rencontre "laisse un goût extrêmement amer en bouche".
"Le moment est d’autant plus mal choisi qu’il y a sept jeunes gens qui risquent d’être exécutés d’un jour à l’autre", a-t-elle déploré lors d'un entretien téléphonique avec l'AFP.
"Le président français devrait tout faire pour qu'(ils) ne soient pas exécutés mais remis en liberté car ils étaient mineurs au moment de leurs soi-disant crimes", a-t-elle poursuivi, ajoutant que le plus jeune d'entre eux avait douze ans au moment des faits qui lui sont reprochés.
Un autre, âgé de quinze ans au moment des faits présumés, a été reconnu coupable notamment d'"avoir cherché à perturber le tissu social et la cohésion nationale, et d'avoir participé et incité à des sit-in et à des manifestations qui perturbent la cohésion et la sécurité de l'Etat", selon Amnesty.
Six des sept condamnés à mort, qui ont épuisé toute possibilité de recours, appartiennent à la minorité chiite, victime de "procès manifestement inéquitables sur la base d'accusations vagues et étendues liées à leur opposition au gouvernement", affirme l'ONG de défense des droits de l'Homme.
Emmanuel Macron, "qui semble apprécier la compagnie du prince" saoudien, doit "intervenir pour sauver leur vie", car "on ne peut pas condamner des gens à mort pour leur opinion", s'est désolée Agnès Callamard.
Le président français, qui doit discuter vendredi avec Mohammed ben Salmane des grand enjeux géopolitiques du moment - Ukraine, Iran, Liban, Syrie... -, avait déjà suscité l'indignation des défenseurs des droits humains après avoir reçu il y a moins d'un an, en juillet 2022, MBS à Paris.
M. Macron est "l’architecte principal de la relégitimation du prince saoudien depuis 2018" et l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, qui lui a été imputé par le renseignement américain, a dénoncé Mme Callamard, à qui ce traitement "laisse un goût extrêmement amer en bouche".
Ces démarches françaises "renforcent le sentiment d’impunité" du prince, s'est-elle indignée.
"La situation en Arabie Saoudite ne s’améliore pas en terme de protection des droits contrairement à l’image que ce prince essaie de projeter en achetant des clubs de foot, de golf et des événements culturels à coups de milliards. Ça, c’est avec les vêtements d’apparat du prince. Mais en dessous, il est tout nu. En dessous, c’est la violence, les violations, la multiplication du recours à la peine de mort", a critiqué Agnès Callamard.
L'Arabie saoudite a procédé à 196 exécutions en 2022, soit sept fois plus qu'en 2020, un record depuis trente ans, selon Amnesty.
seneweb
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