Le Sénégal a recueilli ses premières gouttes de pétrole. Avec le lancement de la phase de production de l’or noir, se pose désormais la question du partage des ressources qui en découlent et de l’impact de celles-ci sur le quotidien des Sénégalais.
Le pays peut compter sur trois sources de revenus pétroliers : la part de Petrosen (18%), la production par tranche pour l’État (20%) et les impôts et taxes. Mais au seuil de la phase de production, l’ancien directeur général de Petrosen Serigne Mboup considère que le plus important est ailleurs. «Ces montants importent peu, au début, puisqu’il faut rembourser les frais d’investissements», a-t-il tempéré dans un entretien paru ce jeudi dans L’Observateur.
Libération informe que pour le projet pétrolier Sangomar, il faut parcourir le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2024-2026 pour avoir une idée du montant à rembourser. «Le contribution de Petrosen aux dépenses de développement s’élève à environ 756 millions de dollars (455 milliards F CFA), financés à hauteur de 450 millions de dollars (271 milliards F CFA) par un prêt consenti par Woodside, précise-t-on dans le document repris par le journal. Un financement complémentaire d’un montant d’environ 270 millions de dollars (162 milliards F CFA) a été mobilisé par l’État et rétrocédé à Petrosen durant l’année 2021.»
Suivant les termes du contrat signé entre le Sénégal et Woodside, a mentionné Serigne Mboup, les coûts pétroliers (Cost oil) représentent 75% des retombées et les profits (Profil oil), 25%. C’est avec cette dernière tranche que les Sénégalais pourront directement ressentir les bienfaits des ressources pétrolières. «Dès que la SAR [Société africaine de raffinage] est en mesure de recevoir assez de brut (environ 45 000 barils par jour), on pourra le sentir [par exemple] sur les prix [à la pompe]», a précisé l’ancien patron de Petrosen.
Et ce n’est pas tout. Mboup a signalé que le lancement de la phase de production du pétrole permettra au Sénégal, par exemple, de faire basculer sa balance commerciale, qui est déficitaire. «La SAR va acheter en CFA. C’est le premier impact sur la souveraineté du pays, il vaut même plus que le pourcentage du Sénégal sur les contrats», a comparé le spécialiste.
Autre avantage indirect : «Nous allons faire la transformation. Nous allons pouvoir faire de l’urée à partir de notre pétrole, pour le Sénégal et aussi pour toute la sous-région. L’impact du pétrole va bien au-delà des contrats, sans compter le renforcement de la position géopolitique et géostratégique du Sénégal.»
seneweb
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