A Madagascar, des drones approvisionnent en vaccins et en nourriture les endroits les plus reculés de l’île

Create: lun 30/08/2021 - 15:28
Author: admin
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Dans ce pays de près de 600 000 km2, qui compte 28 millions d’habitants et une dizaine de routes nationales plus ou moins praticables selon les saisons (à peine plus qu’un département français), la question de l’accessibilité des territoires est un enjeu crucial de santé publique.

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« Certains villages ne sont pas accessibles à moins de trois jours de voiture, rappelle le Français Stéphane Bihr, directeur général d’Aerial Metric. Quand les gens tombent malades, ils doivent souvent faire plusieurs jours de marche pour atteindre le centre de santé de base (CSB) le plus proche. Avec les drones, nous pouvons par exemple transporter des vaccins grâce à un système réfrigéré. »

Superviser les distributions
En un vol d’une heure en moyenne, un millier de doses peut être acheminé jusqu’à une zone reculée. « Un drone vaut 100 000 euros, et nous rentrons dans nos frais grâce à la location, détaille Stéphane Bihr. Une fois l’engin fabriqué, le coût de transport est très faible. » Pas besoin de main-d’œuvre spécialisée à la réception : les denrées sont parachutées. Aerial Metric tache de travailler en collaboration avec les chefs de fokontany (« quartier » en malgache) pour superviser les distributions.

Envois de vaccins, d’antibiotiques, d’antipaludéens, de contraceptifs, transports d’échantillons vers les laboratoires de la capitale : le drone offre de nombreuses possibilités dans un pays où les indicateurs de santé publique sont au plus bas. Un enfant sur deux souffre de malnutrition et le taux de mortalité infantile atteint les 40 ‰ (il est de 3,6 ‰ en France) d’après un rapport de l’Unicef de 2018.

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En deux ans, en partenariat avec PSI Madagascar, une ONG américaine spécialisée dans la santé publique, Aerial Metric a effectué plus de mille vols et atteint environ 140 000 personnes habitant des lieux difficiles d’accès, essentiellement dans le nord du pays, dans un rayon de 100 km autour de Maroantsetra, dans la baie d’Antongil, où l’entreprise est installée.

« Le système sanitaire à Madagascar, comme dans beaucoup de pays d’Afrique, est peu efficace, souligne Daniel Crapper, le représentant pays de l’ONG PSI Madagascar. L’utilisation de drones peut avoir un impact important. Madagascar est un pays qui connaît de fréquentes épidémies de maladies difficiles à prendre en charge, comme la peste, par exemple », explique le responsable. Chaque année, la Grande Ile compte en effet environ 75 % des cas de peste relayés auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Créer plusieurs bases de drones dans le pays permettrait à terme de transporter en urgence des antibiotiques, car la maladie doit être traitée dans les vingt-quatre heures, poursuit-il. Mais aussi de récupérer des échantillons à destination des laboratoires de la capitale pour adapter la prise en charge selon le stade de la maladie. »

Lutte contre le paludisme
Actuellement, les engins sont assemblés dans l’atelier de fabrication d’Aerial Metric situé dans la baie, sur la côte nord-est du pays, par une vingtaine d’ingénieurs malgaches, chargés ensuite de les faire voler. Huit ingénieurs aéronautiques qui se trouvent en France et en Espagne – il n’existe pas d’école d’aéronautique sur la Grande Ile –, supervisent la fabrication à distance. A terme, l’entreprise ambitionne d’étendre ses activités à l’ensemble de Madagascar.

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Depuis le 10 août, en collaboration avec l’ONG américaine Abt Associates, spécialisée dans l’aide médicale et climatique aux populations vulnérables, et l’USAID, l’agence américaine d’aide internationale, Aerial Metric cartographie quelque 20 000 ha de zones impaludées. Les rizières, propices à la prolifération de larves de moustiques, sont en effet omniprésentes dans le paysage malgache. Deux districts, comptant près de 70 zones d’eau stagnante au total sont visés. La récolte de ces données aériennes permettra de répandre à partir de janvier 2022 des larvicides biologiques sur les sites porteurs de paludisme, l’une des principales causes de décès dans le pays. Au premier trimestre de 2020, le paludisme a tué près de 500 personnes parmi les 463 689 malades enregistrés, selon les chiffres du ministère de la santé. Les petits aéronefs sont téléguidés à distance et peuvent transporter jusqu’à 40 litres de produit.
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