Burkina Faso : plusieurs dizaines de soldats tués en quatre jours dans deux attaques

Create: mer 22/02/2023 - 18:40
Author: admin
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Plusieurs attaques attribuées à des groupes jihadistes dans le nord du Burkina Faso ont provoqué la mort d'au moins 70 soldats burkinabè entre le 17 et le 19 février. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière depuis l'arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, lors d'un putsch fin septembre 2022.

Au moins 70 soldats burkinabè sont morts en quatre jours dans deux attaques dans le nord, près du Mali, confirmant le regain des violences jihadistes au Burkina Faso depuis le début de l'année. Au total, les raids meurtriers attribués à des groupes jihadistes ont fait plus de 200 morts, civils et militaires, dans le pays depuis début janvier.

Lundi soir, au moins une quinzaine de soldats ont été tués dans la province de l'Oudalan dans l'extrême nord du pays, à quelques kilomètres de la frontière malienne, selon des sources sécuritaires.

"Le détachement de Tin-Akoff a été la cible d'une violente attaque", a indiqué une première source, évoquant un bilan d'une "quinzaine de morts" et des "éléments qui manquent à l'appel". Une seconde source sécuritaire, quant à elle, a avancé un bilan de 19 morts et "des dizaines de disparus".

Selon la première source, la riposte aérienne et terrestre de l'armée burkinabè a permis de "neutraliser" (tuer, ndlr) des "dizaines de terroristes". Et les opérations se poursuivent, "concentrées dans la province de l'Oudalan qui connaît un regain de violences depuis quelques jours".

C'est aussi dans cette province, près de Déou, qu'au moins 51 soldats ont été tués vendredi dans une embuscade, un bilan encore provisoire, selon l'armée. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière depuis l'arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, lors d'un putsch fin septembre 2022. "Le bilan va encore certainement s'alourdir et dépasser les 100 militaires tués", estime Wassim Nasr, journaliste France 24, spécialiste des mouvements jihadistes.

Cette attaque est aussi celle qui a fait le plus de morts au sein de l'armée depuis novembre 2021. À l'époque, 57 gendarmes avaient été tués après avoir vainement lancé des appels à l'aide.

Cette attaque avait alors provoqué un profond traumatisme au sein des forces armées et de l'opinion et s'était produite peu avant le premier coup d'État de janvier 2022 qui avait renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'"incapacité" face aux jihadistes.

Dans une réaction mardi à l'embuscade de Deou, le capitaine Traoré a affirmé que dans ce "combat parsemé d'embûches", le "sursaut patriotique" et la "détermination" des autorités restaient "intacts jusqu'à la victoire finale" contre les groupes jihadistes. Selon l'armée, la riposte à cette attaque de vendredi a permis de tuer 160 jihadistes.

"Le groupe État islamique était déjà présent dans ces zones", précise Wassim Nasr.

Appel à "l'unité nationale"
Le chef de la junte peut compter sur le soutien de plusieurs partis politiques et organisations de la société civile.

"En ces heures difficiles, j'exhorte tous les Burkinabè à cultiver l'esprit d'unité nationale, et à soutenir les autorités de la transition, dans leur détermination à restaurer notre intégrité territoriale", a ainsi déclaré dans un communiqué Zéphirin Diabré, président de l'Union pour le changement (UPC) et ancien ministre du président Kaboré.

"En ces moments difficiles", le Conseil national de la jeunesse du Burkina Faso (CNJ-BF), organisation de la société civile proche de la junte, a invité dans un communiqué "tous les jeunes à une union nationale et sacrée autour" des forces armées, de leurs supplétifs civils et des autorités "dans leur détermination à restaurer notre intégrité territoriale".

Le pays, théâtre de deux coups d'État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s'est étendue au-delà de leurs frontières. Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10 000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.

Peu après avoir pris le pouvoir, le capitaine Traoré s'était donné pour objectif de "reconquérir" les quelque 40 % du territoire burkinabè contrôlé par les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique. Mais depuis, les attaques qui leur sont attribuées n'ont fait qu'augmenter et l'embuscade de vendredi est "la première vraie épreuve du capitaine Traoré", titre mardi L'Observateur Paalga, un influent quotidien indépendant.

Son lourd bilan interpelle. "Comment comprendre que sept ans après, malgré les modes opératoires connus de tous, nos forces combattantes tombent toujours dans des embuscades de ce genre ?", s'interroge ainsi l'analyste politique Harouna Traoré.

Soucieuse de retrouver leur "souveraineté" dans la lutte anti-jihadiste, les autorités du Burkina ont demandé le mois dernier à la force française Sabre, composée de 400 militaires des forces spéciales, de quitter le pays. Ce retrait se déroule "dans des conditions de coopération convenable avec les Burkinabè", a estimé mardi la ministre française des Affaires étrangères sur la chaîne de télévision France 5. "Les choses se passent bien", a précisé Catherine Colonna.

L'attaque la plus meurtrière jamais commise dans le pays reste à ce jour celle de Solhan (nord) en juin 2021, qui avait fait de 130 à 160 morts civils, selon les bilans.

Avec AFP
France 24

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