Les autorités du Burkina Faso, dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes, ont instauré la possibilité de réquisitionner des citoyens. Cependant, des syndicats et des organisations de défense des droits de l'homme affirment être spécifiquement ciblés par ces mobilisations, dénonçant une tentative de réduire au silence les voix discordantes.
Les organisations syndicales et de défense des droits humains, telles que Balai citoyen, le Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) et l'Organisation Démocratique de la Jeunesse du Burkina Faso (ODJ), accusent le gouvernement d'avoir inclus certains de leurs représentants sur une liste de douze personnes mobilisées pour combattre aux côtés de l'armée.
Cette manœuvre est rendue possible par un décret gouvernemental d'avril autorisant la réquisition des civils dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes. Selon ces organisations, cette mesure législative est perçue comme une tentative d'étouffer toute critique de la gestion des affaires au nom de la défense de la patrie.
Bien que le gouvernement n'ait pas officiellement publié la liste controversée, plusieurs personnalités ont affirmé avoir été contactées par les autorités. Un journaliste, Issaka Lingani, 64 ans, a fait une annonce surprise dimanche 5 novembre sur la chaîne de télévision BF1, indiquant qu'il avait été réquisitionné pour participer à la reconquête du territoire national, justifiant ainsi son retrait de la sphère médiatique pour au moins trois mois.
Cette annonce, présentée comme un acte de patriotisme sur les réseaux sociaux, a suscité des éloges, mais certains observateurs ont exprimé des critiques plus acerbes quant aux raisons de cette réquisition.
Binta Sidibé Gascon, présidente de l'Observatoire Kisal, une ONG de défense des droits humains au Sahel, a déclaré : "Le message d'Issaka Lingani s'inscrit dans la propagande du pouvoir. La mobilisation des civils vise à punir les voix discordantes et à encourager l'autocensure."
Un autre journaliste, Yacouba Ladji Bama, a affirmé avoir été informé que son nom figurait également sur la liste des mobilisés. Il a dénoncé les tendances autoritaires de la junte, dirigée par le capitaine Traoré.
Par ailleurs, le Centre national de presse Norbert Zongo a déploré le fait que des journalistes soient pour la première fois mobilisés, accusant les autorités de chercher à contrôler toute la presse nationale pour amplifier la voix du pouvoir.
baoltimesnews - Moise
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